jeudi 16 juin 2011

Bye bye Barbary Lane.


Le jour où j'ai su que j'irai au Canada, j'ai imaginé un tas de choses. Ma vie à Québec, des rencontres potentielles, et surtout, les voyages que je rêvais de mener depuis un moment. Il y a eu Montréal, fantasmée et crainte; New York, rêve de tout Occidental, à deux reprises; il y avait aussi San Francisco. Je voulais au départ y vivre, puis partir un an; au final, nous terminons notre périple par 8 jours dans la ville du Golden Gate. 8 jours, ce n'est rien, et pourtant, c'est encore un rêve qui se réalise. Les souvenirs de Michael Tolliver dans la tête, j'entreprends la découverte de San Francisco.

On compare souvent New York et San Francisco, de par leur taille, de par la diversité des paysages. L'une à l'Est, l'autre à l'Ouest. Mais tant de différences! New York, c'est la montre à la main, les aiguilles qui tournent vite, le rythme qui s'accélère, au son des taxis; on court dans New York, on veut de l'énergie, de la supériorité, la vie est grande. A San Francisco, rien n'est pareil. Il y a un air de nonchalance, de plaisir assumé et ralenti. On hait facilement les quelques quarante collines, parfois difficiles à grimper, mais le plaisir est dans la marche, dans le temps qu'on prend, les instants immobiles et le sentiment que tout s'est arrêté un jour.
C'est la ville hippie, où l'on traverse Haight avec les senteurs de la marijuana et les couleurs chatoyantes des vêtements du Flower Power. C'est la ville gay, avec le Castro, où les hommes se promènent nus, et où le drapeau arc-en-ciel rappelle la fierté et la différence du lieu. C'est la ville polémique, avec le City Hall, où fut tué Harvey Milk, et cescentaines de manifestations par année, sur Market. C'est la ville de l'art, avec SoMa, son art moderne et ses hipsters assumés. C'est la ville riche, avec sa Marina, ses maisons en bord de mer, frayant avec la plage et le vent, qui n'arrête jamais. Au loin, Alcatraz, et encore plus loin, le Golden Gate Bridge, imposant et doré, gardien d'une ville hors-du-commun. San Francisco, ville asiatique, européenne, indienne, au carrefour de mouvances et d'idées révolutionnaires et exubérantes. On y protège des valeurs, on en défend de nouvelles. Et si New York fait fi du passé, pour se tourner continuellement vers le futur, San Francisco multiplie les visages anciens et nouveaux.

Les maisons sont roses, bleus, vertes; les habitants, souriants, en colère, sentimentaux. Il y a de la vie, la vraie, celle à fleur de peau, choquée par les décisions gouvernementales, bouleversée par l'Etranger, toujours bien vu à San Francisco. On rit beaucoup, on parle énormément, il y a de l'échange. Je rencontre Lucas, originaire du Colorado, qui a décidé de vivre son rêve américain dans la contre-culture américaine, ici. Il veut voyager, découvrir, mais sa maison est ici; il est heureux d'habiter à San Francisco, et se dit que bien des gens voudraient être à sa place. Il n'a pas tort.

Parfois, nous sortons de San Francisco. Un vélo, pour rouler le long de la Marina, passer le Golden Gate Bridge, et terminer par un fish and chips à Sausalito, de l'autre côté de la Baie. Il fait si beau, malgré ce vent océanique qui rafraichit parfois nos coups de pédales appuyés. Un jour, nous louons une voiture, pour nous rendre dans la Yosemite Valley. Marcher le long des cascades, de la retenue d'eau d'Hetch Hetchy, et admirer le Capitan, dans un décor tout droit sorti du Seigneur des Anneaux. Un autre jour, nous affrontons le brouillard, à Point Reyes, à la découverte des côtes déchiquetées de la Californie.


Nous. Mais au final, San Francisco est davantage une découverte personnelle. Je me sépare souvent d'Anais. C'est un projet, vieux, si vieux, qu'il ne doit pas être terni par quelqu'un, si précieux soit-il. Alors, comme à mon habitude, je prends le poûls de la ville. Je ressens les gens, les choses, les rues et ces maisons victoriennes sans âge. Un café, un banc dans un parc, ou simplement arpenter la côte Pacifique, avec La Porte d'Or tout au bout du chemin. La conclusion, elle se fait à San Francisco. De Lyon au Golden Gate Bridge, l'ultime destination, c'est le temps d'un retour sur soi.

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