dimanche 31 octobre 2010

It's easier to leave than to be left behind, leaving was never my proud. Leaving New York, never easy, I saw the light fading out.



Me voici rentré. Dans le grand village qu’est Québec. Après New York, ma capitale québécoise, et même Montréal, me semblent si petits. Pas inintéressants, au contraire. Mais il y a dans ces petites villes un charme différent que celui de Big Apple, moins exubérant, plus tranquille et posé. Je suis énormément fatigué. Mes jambes, et surtout mon pied gauche, me font un mal de chien. Le temps était si beau, que j’ai préféré utilisé les trottoirs des grandes avenues au métro, tellement compliqué soit dit en passant. J’y ai laissé mes Converses, qui n’auront pas tenu le coup. J’ai les yeux encore plein de lumières, de mouvements, de couleurs. Tour à tour, j’étais Alex Beaupain sur le Pont de Brooklyn, Carrie Bradshaw arpentant une rue de Greenwich Village, Liza et Robert chantant en plein Manhattan, Maria qui s’émerveille de vivre en Amérique… J’ai des personnages qui m’entourent, qui m’entrainent, et j’ai l’impression d’être moi-même un héros de film, découvrant la Grande Ville, la vraie ville, celle qui nous fait rêver, le centre d’un monde à soi.

Visite de la ville parcellaire, je me promène dans les quartiers, à l'aveugle. Harlem. Cette cathédrale qui m'impressionne. Le troisième plus grand lieu de culte catholique se trouve à Harlem. La cathédrale est à l'image de la ville: démesurée. Sobre, peu décorée, juste de quoi impressionner le croyant ou le visiteur. Recueillement impie auquel je me livre, plus par admiration pour le lieu que par dévotion à Dieu. Puis je quitte l'édifice. Encore sous le choc, j'avance dans MorningSide, puis arrivée sur Malcom X Avenue. Déambuler parmi la population, quasiment afro-américaine. Je suis souvent le seul Blanc, et j'ai comme l'impression qu'on m'observe. On est surpris de voir un Européen se balader seul, appareil photo à la main. Parfois, très gentiment, on me demande si je me suis perdu. Et toujours le sourire. Dans les rues, ça sent le poisson, le poulet frit, les épices. A côté d'une église, j'entends un groupe de gospel, à l'intérieur, qui répète. Je ne peux pas entrer, et continue mon chemin, prenant la première à gauche, puis à droite, me perdant volontiers dans ce quartier ensoleillé qui sent le Sud à plein nez. A l'heure du déjeuner, je m'arrête devant Sylvia's, un restaurant connu pour sa cuisine afro-américaine. Boulettes en sauce et limonade sur la terrasse, profitant du soleil et de la chaleur de cette journée. On a tous un souvenir en commun: que faisait-on, le 11 septembre 2001? C'était il y a neuf ans. Je me souviens qu'il faisait beau, à Trévoux, ce jour-là. Il était 17h, dans le car qui me ramenait du collège. J'étais en 5ème. Et j'entendais, sur Fun Radio, Arthur commenter quelque chose à propos de tours jumelles qui s'effondraient. Une fois rentrés à la maison, Charlotte, Chantal et moi allumions la télévision, qui passait en boucle les images. Choqué, comme tout le monde. C'est drôle, c'est la première image que j'ai eu de New York dans ma vie. Avant, la Statue de la Liberté n'était qu'un mythe, dont on ne sait que peu de choses. En ce jour de septembre, pourtant, j'apprenais ce qu'était réellement New York, par le biais le plus morbide. Je repense à tout ça, tout en marchant à côté de Ground Zero. On ne voit que des grues, le site est protégé par des barrières. C'est ici que tout a commencé, notre monde d'aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de me répeter cette phrase. Plus loin, Wall Street. La bourse de New York, le centre de toute affaire, professionnelle ou personnelle. Le point névralgique du libéralisme occidental.
Je m'étais toujours dit ça: quand je serai à New York, j'irais voir une comédie musicale sur Broadway. Rêve exaucé. Pour le coup, je n'ai pas lésiné sur les moyens. Je voulais voir une comédie que j'aimais. Il y avait le choix! Mamma mia! me tentait, évidemment, ainsi que Chicago, mais la peur d'être déçu par rapport aux films me rattrapa. Wicked. Evidemment, je suis fan. J'aurais surement pris une place, si je n'avais pas vu ce drôle de masque sur Times Square. J'ai bien compris de quoi il s'agissait, ça ne peut être que ça! Je m'assure de cette surprise, vais sur Internet. C'est un des spectacles présents sur Broadway depuis très longtemps. The Phantom of the Opera. Bien sur, je connais les films, dont le dernier, qui reprend la comédie musicale. Hormis quelques morceaux sympas et un début épatant, pas un chef-d'oeuvre. Mais les chansons sont si belles. Je n'hésite plus. Hop! Réservation sur la toile, pour pas moins de 75 $. C'est un cadeau que je m'offre. Et je ne suis pas déçu. 2 heures 30 de show epoustouflant, à commencer par cette introduction à l'orgue. Je suis si excité que quand le chandelier s'élève dans les airs, des frissons parcourent mes bras. Plusieurs fois, je souris, en me disant "j'y suis". The Music of the Night me fait frémir, et l'antre du Fantôme est particulièrement angoissant. Cette comédie musicale a vraiment tout pour me plaire: le gothique, l'excentricité, et la folie d'un Fantôme magnifique. Je connais les chansons par coeur, mais elles résonnent en moi d'une autre façon. Vient The Point of no Return, ma préférée. Ca vibre de désir, ça bouillonne en moi, autant que dans les coeurs des interprètes qui se donnent corps et âme, à l'image du texte de la chanson. Et la fin. It's over now of the music of the night. Et je pleure. A chaudes larmes. Parce que c'est foutrement beau, et puis c'est tout. Je ressors du Majestic Theatre, tout ému. Il fait une chaleur étouffante. De quoi sécher à moitié mes larmes.

J'aurais tant de choses à raconter encore. Ma visite au MoMa, mes balades incessantes dans Greenwich Village et Chelsea, si agréables; mes allers et venues, le long de la 8ème, de la 6ème, ou sur le front de mer, face à la Statue, au loin; mes petits arrêts dans des Starbucks, ce que j'écrit durant ce voyage, ou alors parler du cheesecake excellent mangé sur Times Square, et des M&M's qui m'ont donné un mal de ventre affreux ("un jour, cet enfant va avoir des crises de foie", disent mes grands-parents). Des centaines d'instants, retranscrits dans ce même carnet qu'à Montréal. Mais, égoïste, je garde tout cela. Je ne laisse ici que les moments les plus parlants. Certaines choses ne peuvent pas s'exprimer aussi simplement. Et puis, il faudra garder deux trois choses à raconter, une fois rentré en France.


Je reviendrai à New York. Je le sais maintenant. Quelques jours, encore, histoire de revivre cette folie de la ville gigantesque. Au final, je ne suis pas très loin, et je crois voir encore au loin l'Empire State. Je termine mon séjour sur Times Square. La nuit, rien à voir. La cure de vitamines se transforme en choc électrique. Les lumières flashent autant que les appareils photos des Japonais à côté de moi, mais rien n'enlève la magie du lieu, du moment. Il fait encore doux, et dans quelques heures, je serai rentré à Montréal, dans le froid de l'hiver qui s'annonce. Alors, chemise blanche et foulard rouge autour du cou, je profite de la vue, fatigué, courbaturé, sale, mais heureux.


lundi 25 octobre 2010

Sur le pont de Brooklyn, ma petite amoureuse riait face aux buildings, comme une enfant joyeuse.

New York.
New York.
NEW YORK!

Dur dur de mettre des mots sur cette ville vue, revue, que tout le monde connait, et qui en fait n'étonne pas autant que ça. Dur, pour le petit Lyonnais que je suis, "exilé" dans une ville de 600 000 habitants aux allures de grand village, de comprendre et vouloir faire comprendre ce qu'est réellement New York. Il faut dire que Big Apple envoit du rêve, et ce depuis que je suis tout petit. On a tous en tête des dessins animés ou des comics dont l'action se passe à Manhattan. Puis, des films, des séries, Sex & The City la première, véritable déclaration d'amour à la ville. New York, pour moi, c'était tout et rien à la fois. On ne peut résumer New York pour une seule chose: Wall Street, 11 Septembre, Central Park, Broadway, Harlem, Statue de la Liberté, music-hall, Stonewall. C'est un monde en soi, une ville démesurée, un brassage ethnique étonnant, une énergie qui me rappelle parfois Paris mais surtout Bombay.

Je suis encore "noyé dans la City", comme le dit la chanson. Il me reste trois jours et deux nuits pour m'imprégner de ce mouvement perpetuel qui habite chaque coin de cette métropole tentaculaire. Je suis là depuis trois jours, j'ai cavalé comme il fallait, tout en prenant le temps de m'asseoir, boire un café, voire deux, noter les choses que je vois, que je ressens, consulter le Lonely Planet acheté pour l'occasion, étudier le plan du métro... Pfffiou c'est énorme!
Nous sommes partis de Québec vendredi en fin de matinée, avec Anne-Sophie et Hélène, mes deux voisines. A Montréal, attente dans un Starbuck, puis Sébastien passe me saluer. Quoi de mieux que d'aller diner, tous les quatre, dans un bar à sushis? Je me montre réticent, et finalement succombe face aux autres. Soirée agréable donc, et Seb fait connaissance avec mes Parisiennes. Après quelques sushis, nous prenons le chemin de la gare de bus. 22h30, départ, nous arriverons 7 heures plus tard, après un rapide passage par la frontière. We are in America!

Inutile d'entrer dans un compte rendu détaillé de ces trois premiers jours. Nous restons d'abord ensemble, avec les filles. Nous retrouvons Ségolène, son copain et un ami français qui vit à NY. Mais après deux jours passés ensemble, j'étouffe un peu. Hormis Gaelle, je n'ai jamais connu une personne sur la même longueur d'ondes que moi pour découvrir une ville, un endroit. Hélène et Anne-Sophie veulent certaines choses que je ne recherche pas, et nous dépendons énormément de Ségolène que nous voulons retrouver chaque jour. Je prends les devant: séparons-nous, et faisons les choses qui nous plairont de notre côté. D'autant que nous ne logeons pas dans la même auberge de jeunesse, ce qui facilite la séparation radicale. Soit, dimanche en fin de journée, nous nous quittons; elles partent vers le 86ème rue, moi vers la 106ème, où se trouve le Jazz On the Park Hostel, auberge de jeunesse conviviale.


Avant cela, nous avons fait des choses: monter en haut de l'Empire States Building avec nos bagages le samedi matin, voir le soleil se lever sur la ville, et découvrir son étendue incroyable. Il fait beau, et même chaud! Nous marchons pas mal, sur la 5ème Avenue, et toujours nos yeux et ce rêve éveillé. Oui, nous y sommes, New York! Times Square, ses lumières, ses mille et unes publicités, tout cet espace médiatisé, vu par le monde entier; la tête me tourne, je sens toute la force de cette ville. A l'image des musicals dont les pubs envahissent l'espace, une cure de bonne humeur et de survoltage, ce coin-là. De l'excès, de l'extrème, kitchissime même... Tout ce que j'aime!



Prendre le ferry orange pour Staten Island, et avancer vers la Statue de la Liberté, petite dans le fond. Mais surtout, revenir, par le même chemin, et voir la pointe sud de Manhattan s'étendre devant soi. Avec cette curieuse impression de se retrouver dans un tableau, avec des lignes de fuites, comme si tout nous entrainait vers ce downtown impressionnant, ces dizaines de grattes-ciel.... Au loin, Brooklyn Bridge, que je fais le jour suivant, seul cette fois. A la tombée du jour, quand le soleil se fait orange. Voir Manhattan du pont, et comprendre à quel point la ville est immense.


Ce matin, je prends mon temps, et décide de marcher dans Central Park. Il faut dire que j'ai un mal de crâne énorme; la nuit dernière, je décide de sortir dans un bar de Chelsea, côté Ouest de Manhattan. Je ne ressortirai qu'à 3 heures du matin, après quelques verres de Chardonnay et de Cosmos (plusieurs furent d'ailleurs offerts par des Américains, et ça c'est le fun!). Dans le métro qui fonctionne toute la nuit, je vacille à plusieurs reprises, et finalement m'éffondre dans le lit qui m'est attribué. Central Park me permettra de me remettre en douceur, afin d'affronter à nouveau la City qui ne dort jamais. Et c'est un vrai plaisir! Durant trois heures, j'arpente ce parc gigantesque, qui n'a décidément rien à voir avec les grands parcs urbains français!Il fait encore beau et chaud, et la veste dans le sac, j'avance et photographie chaque détail. La ville n'est pas loin, et l'on entend encore les voitures et les hélicoptères qui volent toutes la journée, à l'affut d'une éventuelle attaque.



Il me reste encore tant de choses à voir! Quelques musées, les quartiers communautaires, Wall Street. Une place achetée pour une comédie musicale, The Phantom of the Opera. Et encore, ce n'est rien! Il y a un million de choses à faire, et l'idée de revenir plus tard dans l'année universitaire commence à voir le jour...

mercredi 20 octobre 2010

Quel joli soir, pour jouer ses vingt ans sur la fumée des cigarettes!

Je prends mes distances vis-à-vis du blog. Par peur de trop dépendre de lui, et de ne penser que par lui. Et puis, "partir un peu et revenir beaucoup"... Je relis de temps à autre ce que j'ai écrit, il y a une semaine, deux, un mois, deux mois. Ouille. Cela fait deux mois aujourd'hui que je suis parti. Et ça ne me fait absolument rien, en fait, de me dire cela. Le départ est à présent trop loin, c'est à peine si je me rappelle encore un peu de ces dernières journées avant de partir. Beaucoup de choses vécues, et encore beaucoup de choses à vivre.

La première, celle qui me motive depuis quelques jours, ce sont mes vacances à New York. Effectivement, nous sommes à la mi-session, avec tout ce que cela suppose, travaux à rendre et premiers bilans à tirer. Rien de bien négatif sur ces deux premiers mois de cours, mais il est temps de prendre un peu de repos pendant la semaine de relâche. De repos, vraiment? A New York? Drôle d'idée! Je trépigne à l'idée de passer pour la première fois, et non la dernière, la frontière américaine. J'ai toujours en tête ce vieux projet de road trip à travers cet immense pays. Projet qui ne se fera probablement jamais, mais ces jours à New York s'annoncent comme un cadeau de consolation. Impatience, donc, mais aussi inquiétude. New York, ce n'est pas Montréal, et encore moins Paris! Je regarde la carte du Lonely Planet de la ville, acheté la semaine dernière. Cela semble tout petit, et en même temps, il ne faut pas moins qu'un seul guide pour parler de la ville! Départ vendredi soir de Montréal, nuit dans le bus annoncée: au passage, la frontière à franchir... Et nous y serons enfin!

New York présupposait tout de même que je travaille un tant soit peu. J'emmène quelques livres avec moi, dans l'espoir futile et inutile de bouquiner, dans un café de Manhattan. J'y crois de moins en moins, mais ma conscience sera apaisée. J'ai donc pris un peu d'avance. Fini, le compte-rendu sur Hervé Guibert. Terminée, la dissertation de 8 pages sur la fête dans les contes québécois du XIXème siècle (la fête, quel joli sujet, pour moi!). Aux oubliettes, les ouvrages de St Jacques, Annette Hayward, et j'en passe. Tout est fiché, prêt à être réutilisé, on espère.

Je me consacre un peu plus à mon sujet de mémoire. Le 29 Novembre, je présente, aux élèves de mon séminaire de maîtrise mon projet. A préciser que ceux-ci sont tous en création littéraire, et que je détonne un peu: étudiant français en recherche littéraire. Malgré tout, je cherche à m'affirmer, à entrer dans les débats qui les animent, sur les questions de création, d'expérience littéraire. Et bien que ce ne soit pas mon objectif premier, et encore moins un cours reconnu par Lyon II (qui devra bien valider tout cela quand même), les discussions entre les élèves, issus de divers horizons, et le professeur, un écrivain de 76 ans(ou 78?? la mémoire qui flanche...) aux -r rustiquement roulésme plaisent. Anyway, je devrai prouver dans un mois à ces jeunes auteurs québécois que Laure Conan est une écrivaine passionnante, ce dont ils doutent souvent. Quant à Anne Hébert, je tente d'apprivoiser ses oeuvres dans l'ensemble. Actuellement, c'est Le Premier Jardin qui capte mon attention. Et pour la quatrième fois, je me dis, en ouvrant le livre et en lisant les trois premières pages, que cette femme est formidable. Je trouve en elle les cent projets jamais concrétisés que j'ai en écrivant. Je suis là, dans ce fauteuil du Starbuck à deux pas de chez moi, et qui est en passe de devenir mon lieu de travail préféré, à m'émerveiller et à me laisser aller aux rêveries occasionnées par la lecture du Premier Jardin...

Mon autre lecture, ou dirons-nous, relecture du moment, c'est Jovette Bernier, avec La Chair Décevante. J'avais découvert ce roman il y a un mois environ, grâce à Chantal S. qui me le conseilla. Depuis, j'envisage sérieusement de faire un travail sur cette oeuvre. Intérêt d'autant plus fort depuis ma visite dans deux grandes librairies de Québec, afin d'acheter mon propre exemplaire de La Chair Décevante. A deux reprises, on m'annonce que le livre n'est plus édité, et ce depuis 1982. J'hallucine. Un roman aussi important dans la littérature féminique québécoise, précurseur sur de nombreux point, pas réédité depuis 1982? Chantal S. confirme mes craintes: Jovette Bernier n'est pas une auteure à la mode. Et bien qu'elle soit citée dans de nombreux articles comme une référence obligatoire, personne n'a jamais pris le temps de faire une thèse ou un ouvrage critique sur l'oeuvre. D'où ce désintérêt croissant, qui aboutit, il y a presque 30 ans, à une édition ultime. Je n'arrive pas à comprendre. Ce livre n'est accessible à présent qu'en bibliothèque. Et puisqu'il n'est plus édité, son destin est-il d'être oublié dans cinquante, cent ans, archivé sur une étagère poussiéreuse consultée par des nostalgiques comme moi? J'ai l'impression, un peu orgueilleuse, je conçois, d'être l'un des derniers à connaitre ce roman, et d'être porteur de son message. "Car non, Jovette Bernier doit continuer à être lue; c'est elle qui change la donne, pour les écrivaines québécoises; c'est elle qui donne la parole à une mère, enfin!", telles sont les pensées un peu révoltées qui m'habitent. Et de me questionner: quel destin pour des romans oubliés, comme La Chair Décevante? Alors, je cherche un peu partout, un exemplaire de l'oeuvre, qui deviendra MON exemplaire; pour lutter, à une petite échelle, contre l'oubli de Jovette Bernier...

Retour à des choses plus légères. Aujourd'hui, après un cours, une séance de piscine intense de 25 minutes de sauna (oui, après la danse ou la natation, un peu de chaleur, ça fait du bien!), je tente une incursion à l'Observatoire de la Capitale. C'est une jolie journée, et on se hasarde plus ou moins à quitter le manteau et l'écharpe. Je retrousse mes manches, et me rends à deux pas de chez moi, aux portes de l'édifice Marie-Guyart. 31 étages plus tard, me voici au sommet de l'immeuble le plus haut de Québec. Au sommet, entrée payante: 4 CA$. Tour à 360°, et vue imprenable sur la ville, qui parait finalement toute petite. Je m'amuse à la vue du Concorde, minuscule et ridicule. Derrière, les Plaines d'Abraham, et les arbres qui ont encore gardé leur parure d'automne. Vers le soleil qui se couche, l'université, qu'on distingue à peine. Les rues, quadrillées, et au loin, les Laurentides et le Mont Sainte Anne. Lévis, l'île d'Orléans, la Vieille Ville, le chateau. Au pied de l'immeuble, le Parlement, et intérieurement, je me rappelle qu'il faut que je visite celui-ci... Vue d'ensemble prenante, malgré les vitres sales d'être tant touchées par les enfants.




Oh, petite chose: Place d'Youville... ils ont mis de la glaaaace! C'est une patinoire qui tiendra une bonne partie de l'hiver. Avec Eléonore, nous décidons donc d'aller acheter des patins chez Emmaüs. Après avoir trouvé chaussure... à nos pieds, nous nous dirigeons vers la fameuse place. Tout le monde voltige et fait preuve d'une vélocité remarque. Tout le monde, et puis, y a moi. Moi, je tente de garder l'équilibre, d'avancer sans tomber, mais le tout est très instable. Pas de souci, dans deux mois, avec un peu d'entrainement... Je serai un vrai québécois!


dimanche 17 octobre 2010

Mon coeur est saturé de plaisir quand j'ai du pain et de l'eau.


C'est une anecdote qui fait sourire. C'est l'histoire d'un pain qui m'a fait plaisir, et qui continue encore. Vendredi soir, après une grosse journée de conférence, nous allons au restaurant. Les Québécois me font boire, pauvre Français isolé que je suis. Nous allons ensuite chez Thomas et Sophie (deux collègues en cours avec moi), nous nous reservons encore dans deux trois bouteilles ouvertes. On sort? Direction la Basse Ville, et cette fois ci, nous ne sommes plus que quatre. Après une bonne poutine chez Ashton (nous avions faim, avec Guillaume), nous voici attablés dans un bar dont je ne connais plus (si tant est que je l'ai connu un jour) le nom. Justin nous retrouve. Il a traversé toute la ville en vélo, et a trouvé une boulangerie ouverte. Oh, l'ami s'est juste dit qu'il allait offrir du pain à chacun de nous! Je me retrouve donc, à une heure du matin, dans un bar animé, avec une pinte de bière à la main et un gros pain aux olives sur les genoux. Une heure plus tard, je serai obligé de remonter la côte pour retrouver ma maison. Et là, le pain sera d'un grand soutien. Paqueté comme j'étais, je lui parlais, tout le long du chemin. Il est trois heures du matin, je me couche, et le pain a trouvé une jolie place sur mon bureau. Le lendemain en me réveillant, encore gris de la veille, il me faudra bien 5 minutes pour tenter de reconstituer la scène et comprendre pourquoi un pain aux olives trone majestueusement près de l'ordinateur... Il est à préciser qu'à présent, plus rien ne prouve que ce pain a existé, sauf une photo. Il a été vite mangé.

mardi 12 octobre 2010

Si la natation est bonne pour la ligne, pourquoi les baleines sont elles si grosses.

Samedi matin, Eléonore, Aurélie, Nadine, Mathieu et moi avons rendez-vous devant le Pavillon Desjardins de l'Université Laval, huit heures précisément. But de l'opération: prendre la voiture que nous avons louée pour le weekend. Direction prévue? Tadoussac, à trois heures et demie de Québec, au Nord. Nous prévoyons ces deux jours depuis un mois, et chacun est impatient. La voiture une fois prise, nous apprivoisons le plaisir de la boite à vitesse automatique et prenons la route du nord.

4 heures et un arrêt à Bain Saint Paul plus tard, nous voici sur le traversier qui nous amène à Tadoussac, ancien centre de traite entre les Européens et les Amérindiens au XVIIème siècle. Maintenant, ce qui prone à Tadoussac, c'est le tourisme. Ici, on vient pour voir les baleines, et profiter du charme typique de ce port de pêche reculé. Certains ont tout de même trouvé le moyen de construire un hotel hupé pour les voyageurs qui ont le moyen. Quant à nous, nous avons préféré réserver une chambre à l'auberge de jeunesse, apparemment très conviviale. Et c'est le cas! Directement arrivé, on nous prévient: ce soir, c'est soirée de mariage. Moyennant un petit 13 CA$, vous pouvez assister au repas et à la fête. Nous sautons évidemment sur l'occasion, après qu'on nous ait vanté les différents mets du repas (pâtés et tourtière du lac St Jean!).

Nous posons nos frusques et partons marcher dans le village, sur les récifs...





Nous nous dirigeons en voiture sur les dunes de sable, à quelques kilomètres de Tadoussac. L'occasion pour nous de faire un bel effort en grimpant les quelques dizaines de mètres qui nous séparent du sommet. La vue tout en haut est magnifique, et le Saint Laurent est bleu comme jamais.



Lorsque nous étions arrivés à l'auberge, la dame de l'accueil nous avait fortement invité à rentrer à 16h, afin de pouvoir bénéficier d'une promenade autour d'un lac organisée par Coco. Coco, c'est le Québécois typique: cuisinier à l'auberge, tous les jours à 16h, il fait un tour du lac pour observer les castors. Il arrive, tonitruant dans la salle d'accueil, et crie "CASTOR! BEAVER!". Evidemment, nous sommes au rendez-vous, et il n'y a que nous cinq pour partir avec Coco. Celui-ci nous emmène au lac, nous montre des barrages de castors; puis nous partons dans la forêt environnante. Le vieil hirsute nous fait passer par des sentiers.... non, pas des sentiers... En réalité, nous coupons dans les bois, à travers les branches, les troncs d'arbres... Le chemin est loin derrière nous, et nous nous enfonçons un peu plus dans le bois, afin d'arriver à une petite rivière alimentant le lac. Ici, des barrages de castors, et nous attendons une petite heure dans le froid avant de voir, enfin, quelques vrais castors, ces grosses bêtes à la queue plate (et Coco ne se gène pas en nous racontant des blagues salaces sur l'origine de la forme de cette queue!). Finalement, vers 18h30, après lui avoir demandé de rentrer -nous avons froid, et le repas est prévu pour 19h30-, nous nous en retournons à l'auberge, où la fête se prépare.




Pas de photos de la soirée, et pourtant, ça aurait été le fun. Nous prenons place à une table, et directement, Nadine et moi décidons de prendre une bouteille de vin. A préciser: Nadine est luxembourgeoise, et les 3 autres, français. Je suis donc le seul à faire honneur au très bon gout des français en vin, et nous prenons un bon rouge du Portugal. Le repas commence: soupe. Puis pâtés et fromages. Nous nous précipitons, et, ô surprise! il y a du camembert! Nous parlons et rions au dessus de nos assiettes, le vin m'aidant à être joyeux. Au piano (synthétique) et au violocelle, deux dames, qui reprennent les standards de la chanson française et québécoise. Et pendant que nous nous jettons à plusieurs reprises sur la Tourtière du Lac St Jean (pommes de terre +viande+ pate qui recouvre le tout = excellent!!!), nous entonnons en choeur les chansons. Je fredonne sur Joe Dassin, j'exécute un entrechat léger sur Brassens, et je déclame sur Barbara. Le vin monte, monte, et nous éclatons de rire quand Eléonore nous confie ses penchants pour le jeune homme qui aide à l'organisation du mariage. Ah oui, un mot sur les mariés: ce sont des bohèmes de 40 ans, avec chacun leurs enfants, et leur bonheur nouveau fait plaisir à voir. Nous sommes émus quand ils échangent leurs voeux, et je lève mon verre. Finie la tourtière, nous passons au dessert, et au gateau à la rose, bon, mais très vite écoeurant. La salle se vide peu à peu, et nous rejoignons par la suite la boite de nuit installée dans l'auberge. Mathieu et moi prenons un cosmos, ce qui m'aide encore plus à me déchainer sur les White Stripes et Louise Attack. La soirée se termine sur un piano, un vrai, désaccordé, sur lequel je me hasarde à me rappeler quelques morceaux.

Après une nuit courte, nous nous réveillons vers 8h. Nous devons bien manger, nous avons rendez-vous avec les baleines à 9h30. Après un bon déjeuner, direction la rue de la Cale Sèche, où chacun enfile ses gros pulls et ses chaussettes, ainsi que les coupes-vent, les pantalons et les bottes que nous donne le personnel. Des vrais sumos. Sur le zodiac, notre conducteur est drôle, et il a l'air de s'y connaitre en baleines! Dès que nous nous sommes éloignés des rives, des rorquals, tout autour du zodiac. J'essaye de prendre des photos, c'est dur. Alors, je m'arrête, j'admire les cétacés. Je vois leurs gueules, leurs yeux.... Nous continuons plus loin encore, et voyons des souffles de baleines bleues. Et ainsi de suite, durant deux heures. Malgré le froid prenant sur le bateau, nous sommes contents.




Nous nous restaurons dans un petit bar du port, typique là encore. Puis en route: il nous faut rentrer. Nous décidons néanmoins de ne pas repasser par le même chemin que la veille, qui nous faisait alterner rives du St Laurent et montagnes. Cet après-midi, je suggère de passer par la côte de Charlevoix. La région de Charlevoix est un détour à faire quand on est au Québec, dixit Routard. De Baie St Paul à la Malbaie, ce sont des montagnes qui cotoient l'eau bleue du fleuve. Les villes et villages sont ultra touristiques, et ça sent l'argent à plein nez, mais qu'importe! la route est belle. A la Malbaie, je sourie: c'est ici que Laure Conan, l'une des deux auteures que j'étudie, vivait. Et elle décrivait cette ville comme la plus belle au monde. En face de la Malbaie, de l'autre côté du St Laurent (loin, donc!), Kamouraska. Comme quoi, tout coincide, même dans mes choix d'oeuvres pour le mémoire! Nous nous arrêtons aux Eboulements, l'un des villages les plus jolis du Québec. Le village porte ce drôle de nom à cause d'éboulements survenus durant le siècle dernier. Ici, une jolie vue sur l'île des Coudres, et les montagnes de Charlevoix.

Notre dernier arrêt avant Québec: Sainte Anne de Beaupré. Cathédrale imposante et importante, considérée comme le Lourdes nord-américain. Mathieu, étudiant en histoire de l'art, est sous le choc, et Eléonore se recueille en récitant son Notre Père. Nous autres, nous attendons et admirons l'édifice, avant de finalement reprendre la route. En arrivant à Québec, c'est le coucher de soleil sur la ville qui nous frappe. Finalement, Québec est une belle ville! Le weekend s'achève, nous sommes tous contents de ces deux jours passés ensemble. Le lendemain, nous pouvons nous reposer: c'est l'Action de Grâces, jour ferié au Québec!