Je prends mes distances vis-à-vis du blog. Par peur de trop dépendre de lui, et de ne penser que par lui. Et puis, "partir un peu et revenir beaucoup"... Je relis de temps à autre ce que j'ai écrit, il y a une semaine, deux, un mois, deux mois. Ouille. Cela fait deux mois aujourd'hui que je suis parti. Et ça ne me fait absolument rien, en fait, de me dire cela. Le départ est à présent trop loin, c'est à peine si je me rappelle encore un peu de ces dernières journées avant de partir. Beaucoup de choses vécues, et encore beaucoup de choses à vivre.
La première, celle qui me motive depuis quelques jours, ce sont mes vacances à New York. Effectivement, nous sommes à la mi-session, avec tout ce que cela suppose, travaux à rendre et premiers bilans à tirer. Rien de bien négatif sur ces deux premiers mois de cours, mais il est temps de prendre un peu de repos pendant la semaine de relâche. De repos, vraiment? A New York? Drôle d'idée! Je trépigne à l'idée de passer pour la première fois, et non la dernière, la frontière américaine. J'ai toujours en tête ce vieux projet de road trip à travers cet immense pays. Projet qui ne se fera probablement jamais, mais ces jours à New York s'annoncent comme un cadeau de consolation. Impatience, donc, mais aussi inquiétude. New York, ce n'est pas Montréal, et encore moins Paris! Je regarde la carte du Lonely Planet de la ville, acheté la semaine dernière. Cela semble tout petit, et en même temps, il ne faut pas moins qu'un seul guide pour parler de la ville! Départ vendredi soir de Montréal, nuit dans le bus annoncée: au passage, la frontière à franchir... Et nous y serons enfin!
New York présupposait tout de même que je travaille un tant soit peu. J'emmène quelques livres avec moi, dans l'espoir futile et inutile de bouquiner, dans un café de Manhattan. J'y crois de moins en moins, mais ma conscience sera apaisée. J'ai donc pris un peu d'avance. Fini, le compte-rendu sur Hervé Guibert. Terminée, la dissertation de 8 pages sur la fête dans les contes québécois du XIXème siècle (la fête, quel joli sujet, pour moi!). Aux oubliettes, les ouvrages de St Jacques, Annette Hayward, et j'en passe. Tout est fiché, prêt à être réutilisé, on espère.
Je me consacre un peu plus à mon sujet de mémoire. Le 29 Novembre, je présente, aux élèves de mon séminaire de maîtrise mon projet. A préciser que ceux-ci sont tous en création littéraire, et que je détonne un peu: étudiant français en recherche littéraire. Malgré tout, je cherche à m'affirmer, à entrer dans les débats qui les animent, sur les questions de création, d'expérience littéraire. Et bien que ce ne soit pas mon objectif premier, et encore moins un cours reconnu par Lyon II (qui devra bien valider tout cela quand même), les discussions entre les élèves, issus de divers horizons, et le professeur, un écrivain de 76 ans(ou 78?? la mémoire qui flanche...) aux -r rustiquement roulésme plaisent. Anyway, je devrai prouver dans un mois à ces jeunes auteurs québécois que Laure Conan est une écrivaine passionnante, ce dont ils doutent souvent. Quant à Anne Hébert, je tente d'apprivoiser ses oeuvres dans l'ensemble. Actuellement, c'est Le Premier Jardin qui capte mon attention. Et pour la quatrième fois, je me dis, en ouvrant le livre et en lisant les trois premières pages, que cette femme est formidable. Je trouve en elle les cent projets jamais concrétisés que j'ai en écrivant. Je suis là, dans ce fauteuil du Starbuck à deux pas de chez moi, et qui est en passe de devenir mon lieu de travail préféré, à m'émerveiller et à me laisser aller aux rêveries occasionnées par la lecture du Premier Jardin...
Mon autre lecture, ou dirons-nous, relecture du moment, c'est Jovette Bernier, avec La Chair Décevante. J'avais découvert ce roman il y a un mois environ, grâce à Chantal S. qui me le conseilla. Depuis, j'envisage sérieusement de faire un travail sur cette oeuvre. Intérêt d'autant plus fort depuis ma visite dans deux grandes librairies de Québec, afin d'acheter mon propre exemplaire de La Chair Décevante. A deux reprises, on m'annonce que le livre n'est plus édité, et ce depuis 1982. J'hallucine. Un roman aussi important dans la littérature féminique québécoise, précurseur sur de nombreux point, pas réédité depuis 1982? Chantal S. confirme mes craintes: Jovette Bernier n'est pas une auteure à la mode. Et bien qu'elle soit citée dans de nombreux articles comme une référence obligatoire, personne n'a jamais pris le temps de faire une thèse ou un ouvrage critique sur l'oeuvre. D'où ce désintérêt croissant, qui aboutit, il y a presque 30 ans, à une édition ultime. Je n'arrive pas à comprendre. Ce livre n'est accessible à présent qu'en bibliothèque. Et puisqu'il n'est plus édité, son destin est-il d'être oublié dans cinquante, cent ans, archivé sur une étagère poussiéreuse consultée par des nostalgiques comme moi? J'ai l'impression, un peu orgueilleuse, je conçois, d'être l'un des derniers à connaitre ce roman, et d'être porteur de son message. "Car non, Jovette Bernier doit continuer à être lue; c'est elle qui change la donne, pour les écrivaines québécoises; c'est elle qui donne la parole à une mère, enfin!", telles sont les pensées un peu révoltées qui m'habitent. Et de me questionner: quel destin pour des romans oubliés, comme La Chair Décevante? Alors, je cherche un peu partout, un exemplaire de l'oeuvre, qui deviendra MON exemplaire; pour lutter, à une petite échelle, contre l'oubli de Jovette Bernier...
Retour à des choses plus légères. Aujourd'hui, après un cours, une séance de piscine intense de 25 minutes de sauna (oui, après la danse ou la natation, un peu de chaleur, ça fait du bien!), je tente une incursion à l'Observatoire de la Capitale. C'est une jolie journée, et on se hasarde plus ou moins à quitter le manteau et l'écharpe. Je retrousse mes manches, et me rends à deux pas de chez moi, aux portes de l'édifice Marie-Guyart. 31 étages plus tard, me voici au sommet de l'immeuble le plus haut de Québec. Au sommet, entrée payante: 4 CA$. Tour à 360°, et vue imprenable sur la ville, qui parait finalement toute petite. Je m'amuse à la vue du Concorde, minuscule et ridicule. Derrière, les Plaines d'Abraham, et les arbres qui ont encore gardé leur parure d'automne. Vers le soleil qui se couche, l'université, qu'on distingue à peine. Les rues, quadrillées, et au loin, les Laurentides et le Mont Sainte Anne. Lévis, l'île d'Orléans, la Vieille Ville, le chateau. Au pied de l'immeuble, le Parlement, et intérieurement, je me rappelle qu'il faut que je visite celui-ci... Vue d'ensemble prenante, malgré les vitres sales d'être tant touchées par les enfants.
Oh, petite chose: Place d'Youville... ils ont mis de la glaaaace! C'est une patinoire qui tiendra une bonne partie de l'hiver. Avec Eléonore, nous décidons donc d'aller acheter des patins chez Emmaüs. Après avoir trouvé chaussure... à nos pieds, nous nous dirigeons vers la fameuse place. Tout le monde voltige et fait preuve d'une vélocité remarque. Tout le monde, et puis, y a moi. Moi, je tente de garder l'équilibre, d'avancer sans tomber, mais le tout est très instable. Pas de souci, dans deux mois, avec un peu d'entrainement... Je serai un vrai québécois!
La première, celle qui me motive depuis quelques jours, ce sont mes vacances à New York. Effectivement, nous sommes à la mi-session, avec tout ce que cela suppose, travaux à rendre et premiers bilans à tirer. Rien de bien négatif sur ces deux premiers mois de cours, mais il est temps de prendre un peu de repos pendant la semaine de relâche. De repos, vraiment? A New York? Drôle d'idée! Je trépigne à l'idée de passer pour la première fois, et non la dernière, la frontière américaine. J'ai toujours en tête ce vieux projet de road trip à travers cet immense pays. Projet qui ne se fera probablement jamais, mais ces jours à New York s'annoncent comme un cadeau de consolation. Impatience, donc, mais aussi inquiétude. New York, ce n'est pas Montréal, et encore moins Paris! Je regarde la carte du Lonely Planet de la ville, acheté la semaine dernière. Cela semble tout petit, et en même temps, il ne faut pas moins qu'un seul guide pour parler de la ville! Départ vendredi soir de Montréal, nuit dans le bus annoncée: au passage, la frontière à franchir... Et nous y serons enfin!
New York présupposait tout de même que je travaille un tant soit peu. J'emmène quelques livres avec moi, dans l'espoir futile et inutile de bouquiner, dans un café de Manhattan. J'y crois de moins en moins, mais ma conscience sera apaisée. J'ai donc pris un peu d'avance. Fini, le compte-rendu sur Hervé Guibert. Terminée, la dissertation de 8 pages sur la fête dans les contes québécois du XIXème siècle (la fête, quel joli sujet, pour moi!). Aux oubliettes, les ouvrages de St Jacques, Annette Hayward, et j'en passe. Tout est fiché, prêt à être réutilisé, on espère.
Je me consacre un peu plus à mon sujet de mémoire. Le 29 Novembre, je présente, aux élèves de mon séminaire de maîtrise mon projet. A préciser que ceux-ci sont tous en création littéraire, et que je détonne un peu: étudiant français en recherche littéraire. Malgré tout, je cherche à m'affirmer, à entrer dans les débats qui les animent, sur les questions de création, d'expérience littéraire. Et bien que ce ne soit pas mon objectif premier, et encore moins un cours reconnu par Lyon II (qui devra bien valider tout cela quand même), les discussions entre les élèves, issus de divers horizons, et le professeur, un écrivain de 76 ans(ou 78?? la mémoire qui flanche...) aux -r rustiquement roulésme plaisent. Anyway, je devrai prouver dans un mois à ces jeunes auteurs québécois que Laure Conan est une écrivaine passionnante, ce dont ils doutent souvent. Quant à Anne Hébert, je tente d'apprivoiser ses oeuvres dans l'ensemble. Actuellement, c'est Le Premier Jardin qui capte mon attention. Et pour la quatrième fois, je me dis, en ouvrant le livre et en lisant les trois premières pages, que cette femme est formidable. Je trouve en elle les cent projets jamais concrétisés que j'ai en écrivant. Je suis là, dans ce fauteuil du Starbuck à deux pas de chez moi, et qui est en passe de devenir mon lieu de travail préféré, à m'émerveiller et à me laisser aller aux rêveries occasionnées par la lecture du Premier Jardin...
Mon autre lecture, ou dirons-nous, relecture du moment, c'est Jovette Bernier, avec La Chair Décevante. J'avais découvert ce roman il y a un mois environ, grâce à Chantal S. qui me le conseilla. Depuis, j'envisage sérieusement de faire un travail sur cette oeuvre. Intérêt d'autant plus fort depuis ma visite dans deux grandes librairies de Québec, afin d'acheter mon propre exemplaire de La Chair Décevante. A deux reprises, on m'annonce que le livre n'est plus édité, et ce depuis 1982. J'hallucine. Un roman aussi important dans la littérature féminique québécoise, précurseur sur de nombreux point, pas réédité depuis 1982? Chantal S. confirme mes craintes: Jovette Bernier n'est pas une auteure à la mode. Et bien qu'elle soit citée dans de nombreux articles comme une référence obligatoire, personne n'a jamais pris le temps de faire une thèse ou un ouvrage critique sur l'oeuvre. D'où ce désintérêt croissant, qui aboutit, il y a presque 30 ans, à une édition ultime. Je n'arrive pas à comprendre. Ce livre n'est accessible à présent qu'en bibliothèque. Et puisqu'il n'est plus édité, son destin est-il d'être oublié dans cinquante, cent ans, archivé sur une étagère poussiéreuse consultée par des nostalgiques comme moi? J'ai l'impression, un peu orgueilleuse, je conçois, d'être l'un des derniers à connaitre ce roman, et d'être porteur de son message. "Car non, Jovette Bernier doit continuer à être lue; c'est elle qui change la donne, pour les écrivaines québécoises; c'est elle qui donne la parole à une mère, enfin!", telles sont les pensées un peu révoltées qui m'habitent. Et de me questionner: quel destin pour des romans oubliés, comme La Chair Décevante? Alors, je cherche un peu partout, un exemplaire de l'oeuvre, qui deviendra MON exemplaire; pour lutter, à une petite échelle, contre l'oubli de Jovette Bernier...
Retour à des choses plus légères. Aujourd'hui, après un cours, une séance de piscine intense de 25 minutes de sauna (oui, après la danse ou la natation, un peu de chaleur, ça fait du bien!), je tente une incursion à l'Observatoire de la Capitale. C'est une jolie journée, et on se hasarde plus ou moins à quitter le manteau et l'écharpe. Je retrousse mes manches, et me rends à deux pas de chez moi, aux portes de l'édifice Marie-Guyart. 31 étages plus tard, me voici au sommet de l'immeuble le plus haut de Québec. Au sommet, entrée payante: 4 CA$. Tour à 360°, et vue imprenable sur la ville, qui parait finalement toute petite. Je m'amuse à la vue du Concorde, minuscule et ridicule. Derrière, les Plaines d'Abraham, et les arbres qui ont encore gardé leur parure d'automne. Vers le soleil qui se couche, l'université, qu'on distingue à peine. Les rues, quadrillées, et au loin, les Laurentides et le Mont Sainte Anne. Lévis, l'île d'Orléans, la Vieille Ville, le chateau. Au pied de l'immeuble, le Parlement, et intérieurement, je me rappelle qu'il faut que je visite celui-ci... Vue d'ensemble prenante, malgré les vitres sales d'être tant touchées par les enfants.
Oh, petite chose: Place d'Youville... ils ont mis de la glaaaace! C'est une patinoire qui tiendra une bonne partie de l'hiver. Avec Eléonore, nous décidons donc d'aller acheter des patins chez Emmaüs. Après avoir trouvé chaussure... à nos pieds, nous nous dirigeons vers la fameuse place. Tout le monde voltige et fait preuve d'une vélocité remarque. Tout le monde, et puis, y a moi. Moi, je tente de garder l'équilibre, d'avancer sans tomber, mais le tout est très instable. Pas de souci, dans deux mois, avec un peu d'entrainement... Je serai un vrai québécois!
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