A la suite de l'article précédent, il ne manquait qu'un contre-article, celui qui allait changer la donne; inverser les tendances, montrer l'évolution de cette confusion qui régnait en début de semaine. Car finalement, une année au Québec, c'est comme une année en France: faite de hauts et de bas. La seule différence, c'est qu'en étant loin de ce qu'on connait, tout prend une ampleur démesurée. Donc, des petites joies, qui remotivent un peu. Il y a d'abord une attente, celle du weekend, qui s'annonce magnifique. Du soleil sur Québec. Mais plus important encore, du soleil sur Tadoussac, la destination qui nous attend dès demain, samedi matin, et ce jusqu'à dimanche soir. Nous profitons des derniers beaux jours avant le froid et la chute complète des feuilles pour aller rendre visite aux baleines dans le Nord. Bouffée d'air frais donc, avec quatre amis. Demain, nous aurons une voiture, et à nous la route, le souffle du vent qui passe avec les vitres ouvertes, et les chansons à tire l'arigot!
Autre touche de couleurs, cette fois arrivée par la Poste et Mail Canada: un colis français. Colis que j'attends depuis 6 jours, parce que ma mère m'en avait parlé. Ce sont quelques kilos de nourriture française, ou du moins, de choses qu'on peut acheter en France: des graines méditérannéennes, du foie gras, du gruyère rapé (ça, pour le coup, c'est fucking bon!), du chocolat Nestlé, du Banania. Ma gentille petite maman s'est même permise de rajouter un fond de paquet de crozets (pates savoyardes) et une écharpe que je n'avais pas prise au moment de partir. Mon armoire à provisions remplie, je mets la fameuse écharpe autour de mon cou et la respire : elle a voyagé, celle-là, et elle était encore en France une semaine auparavant. Je n'ose toucher aux denrées alimentaires, c'est tellement beau ainsi. Il faudra savourer!
Hier soir, François, que j'ai rencontré à Québec, m'emmène voir une pièce de Michel Tremblay, "Bonjour, là, bonjour". Ma première pièce québécoise, et en joual, s'il vous plait! L'histoire d'un québécois qui revient d'Europe, et retrouve sa drôle de famille. L'exil, le retour, tiens, c'est comme une mise en abime tout ça...Enfin, surtout dans quelques mois. Anyway! Puis nous mangeons ensemble avec François, au Cercle, bar-resto-dancing très branché dans le quartier St Roch. Nous parlons longuement, et je m'aperçois qu'au bout d'un moment, ô joie, ô surprise, ô malheeeeeeur, je prends l'accent! Les [an] deviennent des [in], les [a] des [o], et les expressions les plus simples prennent leur place dans mon discours. Je traine sur des syllabes, j'accélère sur d'autres... Et ça, c'est drôle! Je suis ici depuis un mois et demi, et les diphtongaisons se font de plus en plus naturellement. Inutile aussi de dire que je comprends maintenant le québécois, les "ma tante" et autres broutilles de c'te place-là!
Cet après-midi, l'université organisait, pour les étudiants étrangers, une cueillette de pommes sur l'Ile d'Orléans. Cette île se situe en aval du Saint Laurent, à quelques kilomètres de Québec à vrai dire (pas loin du tout donc, puisqu'on peut voir la pointe sud de l'île du Vieux Québec!). Je me lance dans cette petite expédition insulaire. L'île d'Orléans est réputé pour ses vergers, ses cidres de glace et son beurre de pommes, autant y aller de suite! Après coup, je peux dire que je n'aurai vu que ses vergers, mon temps étant imparti: deux heures seulement. Ce qui est très court pour partir en exploration dans l'île, mais laisse du temps pour s'aventurer entre les pommiers, faire sa cueillette doucement, tout en croquant dans quelques pommes. Deux heures donc après, et 3 variétés différentes dans l'estomac, je reprends le car avec mes 4 kilos de pommes.
Ma dernière joie de ces deux jours: j'ai trouvé mon sujet pour le cours de culture médiatique! Et ça, ce n'est pas rien. Guillaume P. nous propose, pour la fin de session, d'animer un colloque et de rendre un dossier sur un sujet précis: le journal entre 1860 et 1930. N'y connaissant absolument rien, je flotte depuis un mois, écoutant passionnément les cours, mais n'y contribuant pas du tout. Et là, une idée m'illumine; je cours sur l'ordinateur, vais sur Gallica, et tape "La Croix". Oui, c'est bien ça, le journal catholique français qui date de 1883. Et, me dis-je dans ma caboche, pourquoi ne pas tenter une étude alliant littérature, culture médiatique et culture religieuse dans la première année de parution de La Croix??? Je propose dans les jours qui suivent le sujet à Guillaume, mais déjà mon esprit fourmille d'idées et de questionnements. Allez, on se quitte sur l'image du premier numéro, ô combien évocateur!
Nooon pas l'accent ! L'adopter, c'est te condamner à La croix, mais aussi à la bannière, et aux rires moqueurs de ces enfants hauts comme trois pommes qui ne t'accorderont aucune crédibilité à ton retour.
RépondreSupprimerJe suis un Dieu doubiste : je m'y connais en accents plombants.