mardi 28 septembre 2010

Il pleut des larmes de pluie, et j'entends le clapotis du bassin qui se remplit. Oh mon Dieu, que c'est joli, la pluie!

Il est 18h30, et je sors du cours de danse. Crevé, courbaturé, mais content. La danse manque un peu à la vie que j'ai menée jusqu'ici, et je tente de rattraper le retard. "Et je danse". Ce vers résonne dans ma tête, alors que j'avance à travers le campus, dans la nuit. Il pleut. Comme depuis quelques jours. Et à ma sueur de l'effort s'ajoutent les gouttes qui tombent. Je suis en retard, et il me faut un quart d'heure pour faire la distance qui me sépare de l'arrêt de bus. Je m'installe à l'intérieur d'un 800 étonnamment désert. Confortablement enveloppé dans mon manteau, et mon écharpe soigneusement enroulée autour du cou, j'écoute les accents autour de moi. J'aime cette pesanteur des gestes, en rentrant le soir d'une journée longue, très longue. Il fait noir, et on profite des quelques minutes de trajet pour ne penser à rien d'autre qu'à ce qui nous entoure. J'aime cette sensation, cette fatigue qui n'est pas extrême, mais assez forte pour nous empêcher de penser encore et encore. Blotti, je regarde les autres passagers, dans le même état que moi. Les vitres laissent à peine voir les maisons et la rue arborée, les feuilles d'automne couleur orange et les quelques passants qui courent dans les flaques d'eau. L'automne est bien là. Et dans un mois, les premières neiges feront leur apparition, allégeant encore plus cet instant où l'on rentre chez soi. Rien devant soi, pas de prévisions de repas ni d'activité ce soir. Juste la simplicité d'un quart d'heure en bus, ici, au Québec; cette simplicité qu'on connait aussi en France. Mais là, ce n'est pas pareil, parce que je ne suis pas en France. Et cette idée du lointain pays me fait profiter davantage de cet instant. Avec ces silences interrompus par les "allos" apaisants du chauffeur, les secousses impromptues, et la chaleur qui nous entoure. Je me fais tout petit et me serre contre la fenêtre pour souffler. Buée. Flou. Dessins.

dimanche 26 septembre 2010

We belong together, we're happy together, and life is a song.

Des petites nouvelles, de temps à autre. Rien de bien fou, une semaine qui s'achève. Une de plus. Il fait un temps horrible sur Québec. De la pluie, du froid, du brouillard. L'automne n'est vraiment pas une belle période; je ne désespère pas, pourtant, de voir le vrai été indien. Il est prévu d'ailleurs que j'aille faire un tour en dehors de la ville, histoire de voir les couleurs. On en voit déjà bien les prémices, le long des routes. En attendant donc que le soleil revienne pour entamer quelques promenades, nous nous réfugions dans des cafés et des restaurants, histoire de manger de bons brunchs. Remarquez les petites pommes de terre sautées au second plan: avec le bagel, c'est excellent!

Je me mets à travailler intensivement. A Lyon, on me dit que les cours commencent à peine. Ici, c'est déjà fait depuis un moment, et les livres s'accumulent sur mon bureau et ma table de chevet. Dans une semaine, j'ai rendez-vous avec Chantal S.: nous faisons un compte rendu de mes premières lectures féminines. Je viens d'ailleurs de commencer le fameux essai de Christine Planté (oui oui, ma professeur de l'an dernier en littérature XIXème!) sur la femme-auteure. Il faut aller à l'autre bout de l'océan pour se rendre compte que l'enseignante qu'on detestait est en réalité une chercheuse estimée et révérée dans le monde entier! Parfois, je fais une pause dans mes lectures; et j'écris. Un concours d'écriture est proposé à l'université; je tente ma chance.

Nous avons enfin un coloc'! Enfin, pas encore. Mais il arrive dans la semaine. Il s'appelle Victor, va avoir 20 ans; il est Français, et il apprend à piloter un hélicoptère. Tout de suite, nous voyons les bonnes choses qu'il peut nous amener: un tour en hélico dans le coin! D'autant qu'il a une voiture. Mais surtout, c'est un garçon agréable, avec qui nous avons pris plaisir à parler autour d'une bière vendredi soir. Il était temps qu'il arrive, alors que Stéphane et moi sommes installés depuis bientôt un mois!

La dernière semaine d'Octobre reste à déterminer. Et je commence à regarder du côté de la Nouvelle-Orléans. Je rêve de découvrir cette ville haute en couleur. New York, San Francisco, tout cela attendra le reste de l'année. Mais la Louisiane, le bayou, les boites de jazz, c'est le moment. Hésitations multiples: est-ce vraiment sérieux? Et si j'y vais, ce serait tout seul. Angoisses? Je me laisse une semaine pour décider. Après être allé à Montréal, j'y verrais sans doute plus clair. Montréal d'ailleurs. Nous nous préparons à y aller. Je suis fébrile. Pour tellement de choses.

Petite photo de moi, avant de laisser mes mots voguer sur du papier, du vrai cette fois (prise de notes des livres!): les cheveux courts, et un léger petit bouc que je tente de garder. Verra bien!


mercredi 22 septembre 2010

Tous les matins du monde sont sans retour.

Il me prend une idée folle, en lisant le Routard. Celui-ci conseille au touriste d'aller admirer le lever du soleil sur Québec depuis le traversier qui passe sur le Saint Laurent, en direction de Lévis sur l'autre rive. Je saisis cette occasion, et regarde à quelle heure le soleil est censé se lever Mardi 21 Septembre: 6h29. Ouille! Ce qui veut dire: "réveil à 5h30". Je ne me décourage néanmoins pas le moins du monde. Je propose même à Eléonore et Aurélie de me suivre dans mon aventure ultra-matinale. Après une hésitation, la perspective d'une jolie photo étant plus forte que tout, elles acceptent.
Je vous laisse découvrir par vous-mêmes cette aventure. Bien que le soleil se soit caché durant notre traversée, et qu'il fasse un froid de canard! Jolie découverte: Québec à la lumière de l'aurore, un spectacle à lui tout seul!


Le reste de la journée est assez maussade. A part un coup de bigot passé à ma môman pour son anniversaire (je ne l'avais pas eu au téléphone depuis un mois!), je reste chez moi, blotti dans mon lit: j'ai du choper la crève le matin. Ma journée de travail passe à la trappe. Le soir, je me tire du lit pour aller manger chez Anne-Cé; ses parents lui ont ramené de bonnes choses françaises qu'elle nous invite à déguster avec elle: du vin (un Bordeaux très bon!) et du comté!

dimanche 19 septembre 2010

Saint Augustin écrivait qu'on trouverait au Paradis un dimanche éternel... La vie n'est juste qu'une longue attente jusqu'au week-end.

Vendredi soir, c'était la pendaison de crémaillère de Hélène, Ségolène, Anne-So, Maxime, William et Yoann. Une grosse coloc', quoi, à seulement 10 secondes top chrono de notre maison à nous. Pour l'occasion, je fais appel à mes talents hors pair de cuisinier, et décide de concocter une gougère, un plat dont j'ai appris récemment qu'il venait de la Bourgogne. Grosse déception, je pensais que c'était auvergnat, et que seule ma famille connaissait la recette. Bref, je tente le tout pour le tout, avec du cheddar (le vrai gruyère est hors de prix, ici). Résultat en image.
Ce soir donc, grosse fête au 525 Grande Allée, Québec. Tout le monde doit arriver à 21h, mais nous ne sommes à l'heure dite qu'une petite dizaine. En vérité, jusqu'à 1 heure du matin, les personnes vont se presser à la porte. Au tout début, il n'y a que des Français. Pour l'occasion, j'ai invité Mathieu et Martin, pour sociabiliser un peu la diaspora étudiante française. Mais ils partiront relativement tôt dans la soirée, l'un devant se lever tôt le matin pour étudier l'estuaire du Saint Laurent à Kamouraska (...). Petit à petit donc, on arrive, on se salue; on donne nos prénoms, tout en sachant qu'on ne retiendra pas tout. La bière part vite, et la sangria faite par Judith, la colocataire québécoise de Anne-Cécile, est très vite finie. Une partie d'ailleurs de ladite sangria saute malencontreusement sur ma chemise. Je file me changer, après deux éclats de rire et un peu de sel sur la chemise, et me ressers un verre, cette fois c'est du punch, fait pas des Allemandes. L'ambiance est détendue, je rigole beaucoup. La propriétaire est présente, avec sa bouteille de vin blanc. Pour ma part, j'en suis rendu au Coca-Bacardi. Danse. La soirée se termine à 4 heures du matin.






















Le reste de la fin de semaine se fait plus tranquille. Certains cuvent, mais pour la plupart, nous nous mettons au travail sérieusement. Pour ma part, lecture d'un recueil de textes critiques sur Laure Conan et Angéline de Montbrun, l'un des bouquins de mon mémoire. Je finis La Chair Décevante, à nous Claire Martin! Petite pause néanmoins, assurée par la joyeuse compagnie ci-dessus; samedi, fin de journée, petite balade Rue St Jean, pour le Colisée du Livre essentiellement (brocante de livres). Le soir, un film idiot y passe. Le lendemain, petit déjeuner pancakes-sirop d'érable-fruits avec toute la troupe.

Mais il reste maintenant à travailler encore plus. Je prends la boite de cookies, déjà bien entamée hier après-midi, m'installe dans mon fauteuil confortablement. En bande-son de cette image délicieusement dominicale : Regina Spektor et Muse. Photo de mon exploit.

Il fait beau, ce weekend. Il faudrait que j'aille me promener. Je crois que je vais le faire. Tout va bien, aucune angoisse, et mes moindres mouvements sont eux-mêmes apesantis par la simplicité de ce dimanche ensoleillé. Néanmoins, je prends rudement conscience que cette année va être dure: je regarde sur Facebook les photos et vidéos de l'anniversaire d'une amie. Je me dis: "c'était un événement important, et je n'y étais pas". Gros coup, donc. Ca fait un mois que je suis parti, un mois déjà! et je sens que le manque se crée. Même si j'ai des nouvelles, souvent; même si Skype me permet de garder un lien, il n'y a pas cette proximité que je recherche tant, ces effusions de sentiments, ces joues que j'embrasse à longueur de temps. Pour la première fois, toute première, je me sens horriblement seul. Je ne désespère pas. Dans deux semaines, à Montréal, je verrai des Français que je connaissais avant le voyage. Premier contact avec des gens "d'avant". Voir Caroline me tarde aussi.

Présentement, dans le fond, c'est le fun, après le party. Mais c'que j'suis baveux, tabarnac'!

mercredi 15 septembre 2010

La vie d'un garçon, c'est la vie la plus belle, quand on a d'l'argent pour se divertir.

Quelques mots, pour parler de la vie qui s'est installée ici. Rien de bien extraordinaire, des pensées qui me viennent, des réflexions courtes, et le rythme de la vie québécoise qui se colle à moi depuis quelques jours.

Je pense avec tristesse avoir fait le tour de Québec. C'est finalement une petite ville assez tranquille. D'ailleurs, combien de québécois me disent qu'ils préfèrent être ici, où c'est assez calme et tranquille, qu'habiter Montréal. La ville se vit facilement, pas de métro, pas de bruit intempestif. Attention, pas de méprise! j'aime Québec. J'aime ses grandes allées, ses maisons en briques le long de l'avenue René Lévèque, l'ambiance assez légère dans les rues. Seule contrainte: ce vent qui rend fou, et permet au temps de changer en deux minutes. Ca me rappelle un peu l'Auvergne, les hauts plateaux où le ciel est incertain. Ca souffle, ça bruine, et par magie enfin, le soleil nous chauffe les joues. La fraicheur se fait sentir; alors que nous vivions des journée très chaudes il y a encore deux semaines, c'est un froid sec qui sévit à présent. J'attends avec impatience l'été indien. On me ramène à la réalité, en me disant que ce n'est pas la canicule, que la température remonte de 5 à 6 degrés. Mais j'ai besoin de me promener encore un peu, les bras à l'air. Bientôt, le fameux mois de Décembre "qui dure six mois" pour Joe Dassin règnera en maître et aura une influence sur tous nos faits et gestes. Et ce n'est pas bien loin.

La colocation se vit assez bizarrement. Nous étions trois, nous voici à deux. Maxime ayant voulu trouver une autre chambre moins chère, il a emménagé dans une maison à 15 secondes maximum à pied de chez nous. Depuis, il se démène pour trouver un remplaçant. A deux reprises, tentatives avec un Québécois, qui échouent, on ne comprend toujours pas pourquoi d'ailleurs. Ils sont d'accord, et le lendemain, flop! Nous attendons donc, avec Stéphane. Quelques habitudes se créent, on apprend à se connaitre. Pas loin, Maxime et les filles, Ségolène, Anne-Sophie et Hélène. Ces derniers organisent d'ailleurs leur pendaison de crémaillère dans quelques jours, l'occasion de passer une soirée agréable avec d'autres Québécois invités eux aussi!

J'ai fait couper mes cheveux!


Les cours se poursuivent. Les échéances se rapprochent. Mon directeur de mémoire, en France, me dit que j'ai été trop gourmand. En vérité, je préfère travailler plus et avoir tous mes crédits (ça sonne étrangement comme un slogan politique...). Le cours de culture médiatique s'avère réellement passionnant, et j'apprends beaucoup sur le journal, chose qui ne m'intéresse guère dans la vraie vie. Je lis énormément aussi, plus qu'en licence d'ailleurs. Finalement, je me retrouve malgré moi avec un rythme de prépa, chose que je pensais avoir définitivement abandonné il y a un an. Mais ces choses-là, ça vous poursuit toute la vie, dirait-on!


La danse commence lundi prochain. J'ai hâte. En attendant, j'essaye de reprendre la piscine; je commence à petite vitesse, une heure par semaine. L'idéal serait d'en faire deux, histoire de reprendre une vraie silhouette. De jolies paroles, en soi. Je tente néanmoins de m'astreindre à ce programme.

Dans ma chambre, c'est un peu mon univers, enfin. Après deux semaines ici, je me sens chez moi. De nombreuses photos ornent le mur contre lequel le bureau est mis, et une affiche géante de Moulin Rouge! trone. J'ai repéré pas loin une boutique de cinéma, vous savez, le genre de boutique qu'on ne rencontre que dans les films et les séries US. Parfois, j'allume de l'encens, et ça embaume dans toute la maison (heureusement, Stéphane aime bien!). Oui, je vais vivre ici pendant 9 mois à peu près, et je commence à m'y faire. D'ailleurs, j'ai pour la première fois la sensation, quand je sors de la maison, d'être dans ma ville. Je connais le chemin par coeur pour aller au supermarché, et aller à l'université, à l'autre bout de la capitale, n'est plus un trajet extraordinaire. C'est au contraire ordinaire. Et ça, c'est agréable, comme sensation. Se sentir comme à la maison, comme si on avait toujours habité ici. J'essaye de ne pas penser (déjà) au retour en France, je ne suis qu'au début. Et je m'imprègne de tout ce qui m'entoure... Excepté l'accent, qui n'arrive pas à pénétrer mes habitudes!


C'est donc après avoir appris à aimer Québec que je commence à planifier mes découvertes à plus de 100 kilomètres de la capitale. Dans deux semaines et demi, une première descente à Montréal, que j'attends avec impatience. Il y a aussi, dans un mois et quelques jours, la Semaine de Lecture. Ce sont en réalité les vacances de Toussaint, théoriquement consacrées au travail. Une semaine donc, à mettre à profit pour voyager un peu. Chicago ou Boston? Je passerai de toute façon la frontière! Et puis, il y a ce projet fou d'aller fêter Noël à New York, mais ça, j'ai le temps d'y penser. Caroline m'invite à Ottawa, et je dois absolument penser à lui rendre visite un weekend. De ci de là, des sorties d'un jour ou deux: voir les baleines à Tadoussac, cueillir les pommes sur l'ïle d'Orléans, voir l'automne à l'oeuvre sur le Mt Sainte Anne. Mon esprit fourmille d'idées, mais je vois, à côté de mon Routard et de ma carte du Québec, les trois livres qu'il me reste à lire avant vendredi. And it's freaking me up!

Ce soir, petite sortie dans un bar avec Stéphane, Maxime et les filles. Mercredi et jeudi, ce sont les soirs festifs à Québec (et le samedi, pas un chat!!!). Demain, il faudra absolument finir La Chair Décevante et commencer l'autobiographie de Claire Martin. Je travaille avec une professeure sur de nombreuses oeuvres littéraires écrites par des femmes. Passionnant, mais prenant! A tantôt!

dimanche 12 septembre 2010

Puisque la montagne ne vient pas à nous, allons à la montagne.

Samedi 11 Septembre. C'est un jour à jaser, un jour de polémique du côté américain. Ici, on ne parle que du porte-parole chrétien qui demandait un autodafé. Ca sent la crise culturelle aux Etats-Unis. Sur Québec, pourtant, c'est le soleil qui se fait sentir ce matin. Et on ne l'attendait plus, celui-là; depuis une semaine, la pluie, le froid et le brouillard font partie du paysage. Et Québec avec ce temps-là, c'est sinistre! Ce samedi donc, grand ciel bleu, un soleil qui commence déjà à chauffer les esprits. Je me lève à 7 heures et mange un bon petit déjeuner. Je dois prendre des forces: l'université a organisé pour aujourd'hui une excursion dans le Parc de la Jacques Cartier, à une heure en bus de la ville. Après avoir emballé deux bons sandwichs "made by myself", je file prendre le 800, où je reconnais, à leurs baskets de marche et leurs survêtements, d'autres étudiants parés pour marcher toute la journée. Précision importante: je n'ai PAS de baskets de marche. Une fois sur le campus, je retrouve Martin, Agathe, Carine et les autres, mais aussi 300 personnes elles aussi inscrites pour la randonnée. Ca commence bien. Nous choisissons l'un des 6 bus jaunes scolaires, et c'est parti!

Pour vous situer un peu, le parc de la Jacques Cartier appartient à cet autre parc, lui-même appelé le Parc des Laurentides. C'est une des plus grandes réserves naturelles du Québec, avec des reliefs variés et des sommets dépassant mille mètres. Ici, mille mètres, c'est beaucoup! Le but de notre petit groupe, en ce qui nous concerne, est de faire le sentier dit "des Loups". Sur 5km, nous montons, et atteignons un pic de 850 mètres. Pendant que Carine, Martin et les autres se lancent dans les canoës sur la rivière Jacques Cartier, Agathe et moi, accompagnés de trois autres compères, nous lançons dans la grimpette.


Ce n'est pas une randonnée excessivement difficile. Mais là, je reconnais sans peine l'utilité d'avoir fait quelques marches, étant petit, en Auvergne, à travers les bois. François, le suisse qui nous accompagne, arpente les côtes avec la vitesse d'un chamois alpin. Je suis la cadence, et derrière nous, les autres soufflent. Moi aussi, d'ailleurs. Premier point d'observation à 500 mètres, nous voyons des forêts à perte de vue, ce que nous n'avons pas l'habitude de voir en France. Et toujours ce ciel bleu, et ce soleil qui fait transpirer chacun de nous plus intensément encore. Nous nous arrêtons pour manger dans les sous bois, et croisons quelques écureuils, avec cette fascination d'enfant que les Québécois, eux, n'ont pas envers ces jolies bestioles (on en croise tous les jours!).

Une heure encore de marche, sur le glacier, et nous arrivons au deuxième point d'observation, tout en haut. Malgré l'attitude quasi-ridicule (en France, on s'extasie devant une montagne bien plus haute que 800 pauvres mètres!), le paysage est étonnant. L'automne n'est pas encore arrivé, mais on voit, dans les masses des arbres, quelques précurseurs aux feuilles vert clair. La rivière coule en bas, et les Laurentides nous font face. Nous nous arrêtons un peu moins d'une heure, prenons le maximum de photos, et parlons avec des Québecois, qui vantent eux-mêmes la beauté majestueuse et inédite des montagnes françaises. Mais attention! il est 14h30, il nous faut déjà repartir au bus. Sinon, et on nous a prévenu, le taxi coute 125 CA$ jusqu'à Québec. Nous redescendons, et je parle avec un étudiant français (Thomas???) dont le sujet de mémoire porte le concept de monde: c'est un philosophe, et malgré mon aversion pour cette matière, je tente quelques remarques sur le sujet. Une fois arrivés tout en bas, Agathe et moi posons devant ces bus jaunes qu'on trouve un peu partout dans les films américains.



jeudi 9 septembre 2010

La recherche doit avant tout être un jeu et un plaisir.

Je me rends compte que je n'ai toujours pas écrit sur les cours que je suis à l'université. Bon, qu'on me pardonne, ça ne fait que deux semaines que nous sommes rentrées. Et au bout de deux semaines, difficile d'imaginer ce qu'est vraiment un cours. Article donc sans photo (je ne vais pas faire un portrait des bouquins et des plans de cours, je vous laisse imaginer) sur mes premiers pas dans la maitrise en études littéraires au Québec. Je précise bien: AU QUEBEC. Parce que tout ce que je fais ici, n'a RIEN à voir avec les cours proposés à Lyon 2. J'aurai le plaisir d'en parler davantage quand je devrai justifier mes équivalences une fois rentré en France.

J'ai déjà un premier rendez-vous avec Françoise Gillis, conseillère pour les études. Elle s'occupe des étudiants étrangers et les inscrit aux cours. Une heure et demie en retard, mais je lui pardonne très vite: elle aime parler à des littéraires! Elle me fait choisir deux cours. Le choix est vite fait, il n'y a que 6 cours possibles: je m'inscris donc en "séminaire de maitrise" (3 crédits) et en "littérature et culture médiatique en France de 1860 à 1930" (6 crédits). Le premier est censé me faire acquérir une méthodologie efficace pour mes recherches et mon mémoire; le second en revanche, me fait douter. Je ne connais rien à la culture médiatique, et mon intérêt pour le journal est à peu près équivalent avec celui pour l'arithmétique. Mais soit! c'est un défi que je me lance. Malheureusement, je ne suis qu'à 9 crédits. Pour être étudiant à temps plein, il me faudrait 12 crédits, ce qui est déjà beaucoup au Québec. Et pour faire coïncider mes crédits avec ceux de la France, je dois en avoir 15. Autant dire que je n'y suis pas! Petit tour d'horizon des autres cours: la littérature francophone africaine? Surement pas!!! La dramaturgie becketienne?.... Ca se passe de commentaire! Mince, le cours de théorie littéraire est déjà plein à craquer; c'était la seule matière correspondante en France. Je demande donc à consulter les cours de 1er cycle. "Un cours magistral sur la littérature québécoise, ça vous dirait?". Ohhh oui! J'en suis à 12 crédits. Madame Gillis me conseille de prendre rendez-vous avec des enseignants en relation avec mon sujet de recherche pour planifier un "sujet spécial": pendant la session, avec l'accord de l'enseignant en question, j'aurais une bibliographie à travailler, afin de rendre un écrit et présenter un oral avant les vacances de Décembre. J'y reviendrai à la fin de l'article.

Premier cours: Séminaire de maitrise: peu de choses à dire. Je ne l'ai eu qu'une fois; lundi dernier était ferié, fête du travail oblige! Mais c'est apparemment un cours basé sur les tables rondes entre étudiants, afin de discuter de nos recherches, de l'avancement de notre mémoire, blabla... La professeur demande d'ailleurs à chacun de se présenter et de dire quelques mots sur son sujet de mémoire. Ah aaah!!! Là, panique: chacun a déjà son sujet bien précis en tête, et tous ont commencé à faire leurs recherches. Aie, c'est à moi: "Euh, Adrien R., j'viens de France. J'hésite sur plusieurs sujets de mémoire, mais je penche pour une comparaison entre Anne Hébert et Laure Conan." Deux élèves éclatent de rire, et la professeur me regarde avec compassion.

Deuxième cours: Littérature et culture médiatique en France entre 1860 et 1930: je vais au cours avec un sacré a priori. Si ça ne me plait pas, à la pause, je pars. Etudier des journaux, et puis quoi encore? Premières minutes, je me rends compte que le professeur n'a pas d'accent. Parfois, quelques québécismes dans les mots, mais il me semble qu'il est français. D'ailleurs, il nous raconte ses vacances en France, dans les Alpes: tellement exotique, que tous les étudiants québécois écoutent attentivement... Je gribouille en regardant le plan de cours: programme chargé! Deux colloques prévus, dont un, sur, à Sherbrooke; un colloque terminal à animer nous-mêmes, et un dossier final... Néanmoins dès le premier cours, j'accroche. Je tente d'oublier le doctorant en culture médiatique assis derrière moi qui connait déjà tout au sujet, ainsi que le blond un peu lèche-bottes qui est tout devant, en train de pavoiser quand le professeur le félicite pour la publication de son mémoire de maitrise. Le deuxième cours se passe très bien, des choses intéressantes, et surtout nouvelles! Je me réjouis d'être resté!

Troisième cours: Littérature québécoise, des origines à nos jours: j'entre dans l'amphithéâtre, et me voici déjà en train d'étouffer. Pas de fenêtres, et une centaine de filles en fleur qui piaillent à tout bout d'champ. Normal, je suis dans un cours de premier cycle, et la plupart des élèves -féminins, donc- sorte à peine du Cegep. Ca parle de chum, de l'université "qui est trop graaaaande", ça philosophe un peu. Je trouve Carine, tout aussi paumée que moi dans ce harem post pubère, nous nous réfugions au même bureau. Le professeur, un vieux barbu, rentre. L'heure suivante est affreuse: le bonhomme nous présente ses oeuvres critiques, et exerce une publicité implacable concernant le Dictionnaire des Oeuvres québécoises qu'il a lui-même dirigé. Il se jette des fleurs, et Carine et moi n'en pouvons plus. Après coup, j'apprendrai qu'il a été décoré plusieurs fois par le gouvernement québécois pour son aide à l'édification d'une culture québécoise renommée... Ce n'est qu'au deuxième cours, cette fois seul (Carine a pris peur et m'a laissé seul) que je comprends toute l'étendue de savoir d'Aurélien B. Derrière cet étalage de soi, se "cache" (peut-on vraiment utiliser ce verbe?) un puits de science, qui sait tout et connait tout. Premier vrai cours donc, qui nous parle de la littérature de la Nouvelle-France. Je prends beaucoup de choses en notes, j'ai peur de n'avoir l'occasion d'entendre ça qu'une fois dans toute ma vie.

Revenons au "sujet spécial", le dernier cours, (et ce n'en est pourtant pas un) qui me permettra d'acquérir l'intégralité de mes fameux crédits. Ca commence sur le site de l'université, en recherchant les spécialités de chaque enseignant. Je tombe sur un nom et un descriptif intéressants: Chantal S. Pratique littéraire des femmes. Ah, voilà qui m'intéresse! Deux mails plus tard, me voici dans un bureau étroit, face à une trentenaire aux cheveux longs qui a toujours le sourire. D'entrée, elle me demande ce que je compte faire comme mémoire. Je lui explique, en 5 minutes, le sujet que j'ai choisi. Je précise que depuis le séminaire de maitrise, j'ai essayé de trouver plus de matière à mon projet! Au final, elle est ravie: "c'est super que vous connaissiez Laure Conan. Vous êtes étonnant, et votre sujet est très intéressant. Personne n'a jamais pensé à rapprocher ces deux auteurs, et pourtant, la connexion semble logique, d'après vos dires." Elle adore Laure Conan, et me propose un plan de cours portant sur les femmes écrivain du XIX ème et début XXème. Toujours emballée, elle me pose une question: "connaissez-vous le Centre de Recherche sur la Littérature et la Culture québécoise de l'Université Laval?". Euh... Non! "Eh bien faites-en partie." Elle m'abonne à la newletter du centre, et me fait visiter deux salles strictement réservées "aux étudiants chercheurs et aux enseignants": une salle à manger privée, et une bibliothèque avec de nombreux ouvrages anciens, dont des romans de 1850 dans leur édition originale! Me voici donc chercheur pour le compte de l'Université Laval. Elle me dit que mes travaux pourraient même être publiés, une fois la soutenance de maitrise passée... D'accord!

Que retenir, donc, de ces deux premières semaines?... Qu'il va y avoir du travail! Plusieurs dossiers à rendre avant Décembre, et des oraux à préparer toutes les deux semaines. Je regarde un moment le programme de Master 1 Recherche de Lyon 2... Et finalement, malgré la surcharge de travail qui pèsera sur mes épaules cette session, je suis heureux d'être ici!

lundi 6 septembre 2010

Mais combien de coeurs dans la nature ont rêvé d'aventure, en laissant fuir les années, sans se demander : au détour de la rivière, sera-t-il là?


Grand week end agréable, des balades, des bières, des films idiots ou pas avec les coloc'.... Mais surtout, dimanche, sortie avec la même petite troupe que d'habitude. Cette fois-ci, chacun ayant amené une ou deux connaissances, nous sommes une quinzaine d'étudiants français belges et suisses, à prendre le Bus 800 en direction de Beauport - Parc Montmorency. Une demie-heure de route, le temps de faire connaissance avec les nouveaux venus, et nous voici arrivés aux portes du Parc de la Chute-Montmorency. Nous attendons encore bien une demie-heure Agathe, qui arrive le sourire aux lèvres, en retard. Il est 12h20, et il fait froid aujourd'hui à Québec. Le temps est nuageux, et surtout, ce vent qui vous glace en moins de deux. J'ai anticipé la choses: un T shirt, une chemise manche longue treking, et mon joli chandail Chalon dans la Rue. Dans mon sac, l'appareil photo, un sandwich, et un litre de Québon (lait aromatisé au chocolat, excellentissime), histoire de passer un bon moment à la Chute de Montmorency.

C'est une chute en vérité bien impressionnante: 80 m de haut, et des trombes d'eau chaque jour. Nous empruntons le pont qui passe au dessus de la cascade, et marchons au dessus d'un vide abyssal. Des photos de ci de là, et Agathe à aider à avancer; la pauvrette a le vertige. Quelques mètres plus tard, nous passons le pont, marchons le long d'un sentier, et trouvons, à notre grande surprise, un verger. Il a plu le matin, mais diantre! nous pique-niquerons ici. Il y a une balançoire; avec Agathe, nous nous ruons sur la balançoire, juste avant de manger, et de faire une partie de marelle avec Eléonore, autre lyonnaise perdue en terre nord américaine comme moi. Nous parlons tous ensemble, puis décidons de descendre le long de la chute, histoire de faire des photos et prendre conscience de la hauteur de cette chose.

Le reste de la journée, nous marchons, pour retrouver un bus nous ramenant à Québec. Une fois dans la vieille ville, chacun y va de ses envies: certains réclament une bière; d'autres, comme moi, se laissent tenter par une gaufre québécoise (arrosée de sirop d'érable!): un délice, que nous sommes prêts à renouveler. Nous nous quittons, fiers de cette journée, et nous promettons de nous retrouver mercredi 8 Septembre, pour la St Adrien. Mais surtout parce que ce jour-là, c'est le Show de la Rentrée à l'Université Laval. 40 000 personnes attendues pour une multitude de concerts... De quoi nous mettre l'eau à la bouche!!

dimanche 5 septembre 2010

Autre temps, autres moeurs.

Cela fait un peu plus de deux semaines que je suis à Québec, et déjà, je m'habitue à cette nouvelle vie nord-américaine. Et pourtant, c'est peu dire: même si nous avons de grandes ressemblances avec nos cousins outre atlantique, certaines choses nous surprennent. Quoi de mieux que d'écrire sur ces petits trucs de tous les jours que je subis parfois, que j'aime souvent.

Il faudrait d'abord, et surtout parler, de la langue. Il faut réaffirmer une vérité édifiante: le québécois ne parle pas français, mais véritablement québécois. C'est dans l'accent, les a deviennent des o, certains même roulent les rrrrr. C'est dans la construction de la phrase : "tu voudras-tu un peu de poutine?". C'est dans les expressions anglaises francisées: au lieu de dire "de rien", on répondra "vous êtes le bienvenu" (parfois même, quand je dis "merci", on me répond "bonjour"...). Ici, les images vont bon train: essayez de deviner ce qu'est une agace-pissette (...une allumeuse). Pantoute, tabarnac'...


"Bonjour, je cherche du papier cellophane, où puis-je en trouver?"
"Du cellophane???"
(J'explique!)
"Ah!!! De la PELI-MOULANTE!!!!!"
(.....)

Une boisson, c'est un breuvage. Faire du shopping, c'est magasiner. Bref, j'vous passe toutes les niaiseries baveuses d'icitte! Je commence à me faire à leur prononciation. C'était sans compter sur le film que nous avons regardé ce soir avec la colocation (tiens, il faudrait que je fasse un article sur eux!): c'est complètement impossible de comprendre les dialogues. Ce qui me pousse à une conclusion: quand ils parlent avec des Frenchies, les Québécois tentent de parler comme nous. Mais lorsqu'ils sont entre eux, c'est du vrai parler de terroir! Ce que nous confirment d'ailleurs quelques connaissances de la ville, qui rajoutent, avec candeur, que c'est le Français qui a un accent! Le monde à l'envers, quoi!
Parlons magasinage, à présent. Et là, je dénonce : ici, c'est cher! Qui a parlé d'une vie moins "dispendieuse" au Canada? Quelques exemples précis d'aliments de base utiles à ma vie :
Fromage rapé: 5 CA$ (3,50E) (à préciser, ce n'est même pas du VRAI fromage rapé!)
Un pack de bière bas-de-gamme: 10 CA$ (7,50E)
Un vin de très mauvaise qualité: 12 CA$ (8E)
Un reblochon de base: 30 CA$ (22,75E)
Un saucisson, du foie gras, des andouillettes... Pas encore trouvé!

Il est néanmoins à préciser que le paquet de pates Barilla de 500g est à 1,75 CA$, et la boite de 12 oeufs est au même prix. Et ça, des pates et des oeufs, dans l'alimentation d'un étudiant, ça n'a pas d'prix! Plus sérieusement, ici, tout se paye assez cher. Les abonnements de bus sont 10 euros plus cher que ceux de Lyon, et ce pour un réseau de bus moindre que celui du Grand Lyon. Un livre est à 20 CA$ à peu près, à moins d'acheter un "livre usagé" lors de foires aux livres. Petite astuce aussi, à retenir: les prix indiqués ne sont pas les vrais, puisqu'il y manque... la taxe!!! Cela m'aurait bien servi le premier jour, j'aurais ainsi pu me retenir de crier sur la malheureuse serveuse du Macdonald : "qqquooooi? mais vous m'arnaquez?". Ce qui me fait penser aux pourboires, dans les restaurants et les bars. Ici, un serveur reçoit un salaire minimum, qui n'inclue pas les services. D'où l'habitude de toujours donner un pourboire équivalant à 15% du prix de la consommation. Imaginez donc: une pinte de bière brune québécoise (un produit de consommation très en vogue par ici), qui théoriquement vaut 5 CA$, coute en vérité 7,50 CA$. Il faut être prévenu. Bref, on vous soulage à chaque fois de quelques pièces ou billets, ce qui laisse notre porte monnaie bien vide à la fin de la journée.Retournons à des choses plus agréables et moins terre à terre. Finissons par quelques bonnes habitudes de nos Québécois:
-lorsqu'un bus n'est pas en service, voici le message affiché en lumineux à l'avant: " Hors Service, Désolé".
-ici, pas de T rouge et blanc pour signaler une impasse. On écrit tout simplement "Cul de Sac".
-souvent, on trouve des panneaux "Interdit de flâner".
-on n'affiche pas les arrêts de bus dans lesdits véhicules. Il s'agit de bien faire attention au paysage qui défile, et ne pas oublier de descendre...
-inutile d'attirer votre attention sur les multiples panneaux étranges que je trouve par hasard chaque jour...