vendredi 29 avril 2011

Concrete jungle where dreams are made of, there's nothing you can't do, now you're in New York !

C'est l'histoire d'un retour annoncé, depuis le départ. Ma première visite à Big Apple fut amazing: il fallait confirmer l'essai. Revoir les lumières qui vous étourdissent, se prendre au jeu de la vie rapide, bruyante, de l'excentricité américaine. On aura beau dire, New York est un rêve, tout en hauteur et en couleur, aux odeurs de hot-dog et aux vapeurs de bouches d'aération; écouter les millions de musiques et de sons uniquesqui se jouent sur Manhattan, qui n'est pourtant qu'une petite île en soi. Retour dans la City pendant le weekend de Pâques. Il était prévu que je sois seul, mais Francis, alleché par l'idée de retrouver un peu de ces sensations citadines extrêmes, se joint à moi. Nous joignons Montréal avec le char de mon ami, puis un bus, qui attendra pendant trois heures à la douane; c'est qu'ils sont nombreux, à vouloir rejoindre Times Square pour le Eastern Weekend(il parait même que Sébastien était dans un de ces bus, je ne l'ai pas vu).

Arrivée vendredi dans la matinée. Nous décidons de déposer toutes nos affaires (un gros sac chacun) à notre auberge de jeunesse, le Sun Hotel. Situé en plein coeur de Chinatown, nous prenons la ligne orange pour rallier Grand St. Les odeurs et les cris, à la sortie du métro. Le quartier chinois, en véritable expansion, empiète sur ce qui fut autrefois Little Italy, et les marchés pekinois et cantonais, aux mille et uns animaux étranges, débordent sur la rue. Entendrait-on de l'anglais par ici? Seulement quelques marchands à la sauvette, tentant de vendre des sacs contrefaits avec leur accent asiatique, martelant les chiffres des prix qui, étrangement, sont bas. Nous nous dirigeons rapidement à l'hotel, pour prendre chacun possession d'une chambre minuscule. Les couloirs sentent la pisse et d'autres choses non-identifiables, et un bref mais appuyé souvenir de l'Inde me revient en mémoire. Le temps de se changer, après une nuit dans un bus froid sans pouvoir dormir, et nous sommes en quête d'un petit restaurant pas trop cher, dans la seule rue qui constitue Little Italy dorénavant. Des pâtes, évidemment, et quelques petites douceurs, avant de rejoindre un autre métro. Qu'on se le (re)dise, New York se fait peu à pieds; et pour faire Chinatown-81th St., il faut bien compter vingt minutes dans le train. Arrivés devant le Museum d'Histoire Naturelle, que Francis voulait absolument visiter, nous nous quittons. Je préfère, pour ma part, traverser Central Park et m'aventurer dans le Metropolitan Museum of Art, sorte de Louvre américain. Le parc citadin rayonne déjà de fleurs printanières, et les magnolias saluent de leurs branches la statue d'Andersen les enfants qui jouent près des bassins.

Le "MET", comme les New-Yorkais l'appellent usuellement, recèle une grande collection d'art. Sur deux étages et le rez-de-chaussée se concentrent autant de vestiges antiques que d'oeuvres du XXème siècle. Il s'agit donc de cibler très précisément, d'autant que ce vendredi-là, il y a foule dans le musée. Etant en plus fatigué de ma nuit blanche, je décide de ne pas trop trainer, et prends la décision d'aller explorer le fond égyptien. Sarcophages, évidemment, statues de divinités à tête d'animal, et surtout, reconstitution, avec les pierres d'origines, de plusieurs mausolées et tombeaux. Je m'extasie, encore novice en la matière, en regardant les hiéroglyphes. Contrairement aux autres collections, je n'ai jamais vu, pour l'instant, de véritables inscriptions égyptiennes, hormis dans les musées. Je note dans un coin de ma tête "voyage en Egypte à faire", et continue mon parcours, à travers les dizaines d'Européens et Asiatiques venus visiter. Certains fonds sont populaires: peinture européenne, American Wings, art déco. D'autres, comme les arts océaniques et l'art médiéval, sont ignorés, et je prends un malin plaisir à consoler les multiples Christs et tabernacles ignorés. Au détour d'un couloir, je découvre la reconstitution d'une cour intérieure florentine du XVème siècle, silencieuse et solitaire. Un mur plus loin, la grande salle des arts déco, incroyablement grande et lumineuse. A l'étage, arts asiatiques, mais surtout des Rembrandt, Vermeer, Velasquez et autres Rubens, autour desquels se bousculent les Japonais et les flashs de leurs Kodak ("no flash, please!" se plaint la pauvre surveillante de collection). Après deux heures de déambulation, je finis devant un très beau Ganesha du sud de l'Inde. Exténué, je prends ma retraite, et pars retrouver Francis, à l'angle de la 61th St. et de Madison Avenue.


C'est un samedi pluvieux qui nous réveille. La veille, nous avions un sacré programme de marche, que nous ne respecterons même pas, tant la pluie s'acharne sur Manhattan. Pour commencer la journée, j'entraine Francis vers Union Square, chez Max Brenner. Je veux déguster à nouveau ce suckao, sorte d'expresso de chocolat très fort en saveur. Nous dégustons nos bagels et nos breuvages chocolatés, le sourire aux lèvres et un peu de moustache sur le nez. Direction ensuite le sud de l'île, au TKTS: nous voulons acheter, à moitié prix, un billet pour The Lion King, sur Broadway. Manque de chance, plus de place. Dépités, nous trouvons refuge dans un des 750 Starbuck's de Manhattan et révisons nos plans: finalement, après consultation du Lonely Planet et le réconfort d'un grand café, nous nous arrêtons sur l'idée d'un cabaret réputé, vers Times Square. Réservation faite, via le Iphone de Francis. Nous remontons ensuite sur Wall Street, pour revenir devant l'Hotel de Ville. Une fois là-bas, nous prenons le métro, la ligne 7, the International Train. On l'appelle ainsi parce qu'elle traverse le Queens, borought de New York situé de l'autre côté de l'East River, parsemé de nombreux petits quartiers cosmopolites. Le métro aérien survole les différents quartiers, et nous admirons les magnifiques graffitis d'un immeuble d'art contemporain urbain.

Nous tombons sur Jackson Heights, quartier indien. Nous arpentons une partie de la 74th St., passons devant les magasins de saris et kurtas; je raconte quelques souvenirs marquants à mon Québécois, qui manifeste depuis quelques temps le souhait d'aller visiter l'Inde. Bonheur suprême: nous tombons sur un petit restaurant qui fait des samossas pour 2$. Francis goûte, et je surprends dans ses yeux une surprise gustative. Quant à moi, je suis en extase à chaque bouchée. Nous remontons, en dessous de la ligne de métro qui couvre nos discussions à maintes reprises. Le Queens est rempli de mini quartier ethniques, asiatiques, sud américains, océaniques, et même un petit block de maisons irlandaises. Population hétéroclite, où nous croisons autant de clowns que de Maghrébins souriants. Après deux petits kilomètres de marche, nous reprenons le métro, pour retourner à notre auberge de jeunesse.

Notre samedi soir devait être le moment du musical. Faute de place et d'argent, nous avons réservé pour une petite salle de spectacle, où se produisent Gashole, duo reprenant les plus grands standards des années 70'-80'-90'. Avant, nous mangeons sur la 7th Avenue, dans un piteux restaurant mexicain. Tout en commandant nos galettes, je fixe le cafard qui arpente le sol, dans le sous-sol glauque et où nous sommes les seuls Blancs. Malgré le côté insalubre, le repas est excellent, et très intéressant niveau qualité-prix. Mais nous ne nous attardons pas; Gashole nous attend, dans le cabaret Don't Tell Mama. Une heure et quart de show, piano et voix magnifiques, le tout avec un cosmopolitan à la main. Francis balance la tête de droite à gauche, décoche un sourire enjoué aux alentours, que j'arrive à capter et à retenir. Derrière le duo, une demie-lune en carton. Nous planons, musicalement parlant.

The end of our precious and weak world begins now, in the City.
I'm scared, I don't wanna go home.
Tell me, blue eyes: will you miss me, in the darkness of your memory?
I love you! Farewell, you're already gone.
I wanna fly away from your answer.
Don't say anything.
My world is collapsing.
In your silent lips
In my beloved kiss.

Dimanche de Pâques. Jour de la resurrection, et à ce titre, nous nous levons tôt, afin d'assister à une messe gospel dans Harlem. Nous arrivons une heure et demie avant le service de onze heures, et déjà, il y a du monde. Beaucoup de Français, avec qui nous faisons connaissance, autour d'un bagel au cream cheese et d'un café que j'ai préalablement cherché (après avoir demandé mon chemin à un Noir-Américain me disant "have a good day, bro"!). Dans la Canaan Baptist Church, les étrangers sont installés sur le balcon, qui domine les choeurs et la chaire du révérend. Ce sont deux heures de représentations, qui nous attendent; des chants, des sermons sur fond d'orgue électrique, des annonces de tout ordre. Nous nous levons, tapons des mains, chantons; étrange sensation, d'être d'un seul coup croyant unanimement, du bout des doigts jusqu'à mes lèvres qui fredonnent. Plusieurs fois, je souris béatement, les larmes aux yeux. C'est tout simplement beau, fort. A côté de moi, une mère Noire-Américaine me commente les faits et gestes des intervenants, m'explique ce qu'il faut faire. Communion parfaite, que nous quittons après plusieurs chants et messages d'amour.

L'après-midi est tranquille. La pluie d'hier a fait place à un soleil qui chauffe, et je connais enfin un 20 degrés, chose que je n'avais pas connu depuis Cuba. Dans ma chemise noire, accompagné de Francis, je me dirige vers Juniors's, sur Times Square. J'ai une folle envie de cheesecake, et comme la dernière fois, c'est excellent. Nos plans? Francis veut flâner et s'endormir dans Central Park. Pour ma part, je décide de le quitter et d'aller sur Brooklyn Heights Promenade, charmant chemin pour observer, de l'autre côté de l'East River, les grattes-ciel de Manhattan. Tout autour, des hélicoptères, qui scruttent les dangers éventuels. On dirait une ruche énorme, et des abeilles tournant autour, ne laissant qu'un son en différé, mêlé aux voitures qui passent pas loin. Je m'assois une bonne heure face à la ville ultra-bruyante, de son côté de la rivière; le soleil fait place à des nuages, des pluies sans cesse interrompues par une éclaircie. En revenant sur le chemin du métro, dans les rues ombragées et chics de Brooklyn, un instant, le soleil et la pluie se fondent dans une lumière éblouissante, rejetant sur les fleurs des arbres des reflets clairs et colorés

Je retrouve Francis sur Times Square à 18H30, le temps d'aller au Ruby Tuesday, restaurant hupé du quartier, sans être trop cher. Francis aime ce resto, où il mange la meilleure chose de sa vie, chaque fois qu'il vient à New York. Pour ma part, en bon Français, j'approuve la qualité du repas, sans toutefois le placer dans mon Top 5. Les Québécois... Un burger, un bar à salades, et une petite vue sur les lumières clignotantes de la 42 th et de Broadway. Derniers intants, dans une ville qui ne dort jamais. Détour par notre hotel de Chinatown, pour prendre les bagages, et nous voici à la gare d'autobus, qui ressemble à une jungle, avec cette chaleur humide. Bus, retour, et là encore, la suite, on la connait.

♪ Un jour, j'irai à New York avec toi...

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup ton nouveau titre et cette photo où tu as les yeux grands ouverts sur un monde en mouvance...
    Très bel article également, plein de vie et d'échos.

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