mardi 11 janvier 2011

Ce qui compte, c'est pas tellement ce qu'on vit, mais comment on le vit et le souvenir qu'on en garde. On peut être heureux, même quand est pauvre.

Pendant que d'autres se réveillent en fin de matinée, encore peu remis de leur nuit d'insomnie et de fête, la tête dans le brouillard d'avoir trop trinqué à la santé de 2011, nous embarquons dans un bus Viazul à 8h du matin. Six heures de trajet nous attendent, à travers une bonne partie du pays, jusqu'à notre point de chute pour deux jours: Trinidad, ville classée là aussi par l'UNESCO. Cité créée au XVIème siècle par Diego Velazquez, c'est aujourd'hui une place essentiellement dévouée au tourisme, en témoignent les grands hotels tout compris installés à proximité, mais aussi la foule de Cubains nous attendant, à 14 heures, au terminal de bus du centre-ville. Plusieurs mamas nous vantent les délices de leurs casas particulares, on nous invitent dans les paladares; nous fuyons. Nous avons déjà une adresse réservée: la Casa Colonial Carlos y Rebecca.

La casa particular de Carlos et Rebecca a réouvert il y a quelques mois, et Carlos nous contera les soucis vécus de cette maison. Tenue il y a quelques années par Mercedes, la soeur du maître des lieux, conseillée dans tous les guides touristiques, la casa ferme après la mort de Mercedes. Carlos et sa femme décident de reprendre l'affaire, mais il leur faudra attendre trois ans pour recevoir une nouvelle autorisation de l'Etat. Alors, maintenant, ils se remettent en selle, et Carlos n'hésitera pas, à la fin de mon séjour, à me demander de conseiller à tous sa maison. Ce que je me ferai un plaisir de faire, une fois à Vinales, à suivre...

Pour l'heure, nous déposons nos affaire dans nos deux chambres, faisons le tour de la maison, découvrons Cassagne, le chien des propriétaires, des rats musqués en cage, un iguane (si si!) attaché à une laisse. Nous rencontrons le fils de Carlos et Rebecca, sa femme, enceinte, et leur petit-fils, Alexander, qui lui aussi attend, avec sa copine, un heureux événement. Alexander n'a que 17 ans, et Rebecca nous confiera à plusieurs reprises s'inquiéter de l'avenir du jeune couple.... Nous leur donnons le bonjour, et filons directement prendre un taxi. Direction: la Playa Ancòn. Nous sommes le 1er Janvier, il est 16 heures, et nous débarquons sur une plage magnifique, le soleil qui commence à descendre sur la mer. Vite, dans l'eau, et hop! Nous voilà dans la Mer des Caraïbes. On ne réalise pas vraiment, chacun se répète que nous sommes à Cuba pour la nouvelle année. On se rappelle qu'à Québec et à Montréal, il fait très froid. Et cela nous fait d'autant plus profiter de l'eau à 25°. Nous restons sur la plage jusqu'à 18h, le temps d'une baignade et d'une marche le long du rivage. Les jejenes, petites mouches des sables, nous attaquent à ce moment-là, et nous filons reprendre un taxi pour rejoindre Trinidad avant que nos bras ne deviennent des champs de batailles.
Le soir, peu à dire. Un diner dans un paladar bon mais long (attendre une heure son plat...), tout en sirotant un cocktail un peu trop a-rhum-atisé. Puis nous allons à côté de l'église de Trinidad, vers la Casa de la Musica, où chaque soir des groupes latinos enflamment le public, qui se met à danser. Eléonore et Aurélie sont invitées à apprendre la salsa, Catherine et moi préférons nous réfugier dans le mojito. Je ne tiens absolument pas à danser, parmi ces Cubains épatants qui font ça depuis leur plus tendre enfance! Le lendemain, après un bon petit déjeuner préparé par nos hôtes, nous nous lançons dans une exploration de la petite ville de Trinidad. Mais avant, nous allons au terminal de bus (la oua-oua qu'ils disent, les Cubains) avec Eliane, une Française de 60 ans rencontrée au petit-déjeuner chez Carlos. Habituée à venir sur l'île depuis 30 ans, elle a ses adresses, et a eu le temps d'analyser plus en profondeur le mode de vie et de pensée des habitants. Elle nous aide donc, en deux minutes, à changer notre billet retour pour La Havane (opération qui aurait pris une heure sans elle, et qui aurait pu aussi ne jamais aboutir positivement): au lieu de repartir le 3 au matin, nous repartirons le 3 à 15 heures. Nous quittons Eliane, qui repart à ses occupations, et nous laissons entrainer vers la Plaza Mayor, le centre historique de Trinidad. La place, qui ressemble aussi à un petit jardin, est magnifique. Les couleurs, la scupture centrale, les pots, la nature, tout est réuni pour faire de cette place un endroit convivial et charmant. So romantic.

Nous continuons, en dehors du périmètre touristique, nous aventurons dans les rues sales où des enfants et des femmes nous réclament des pesos, du savon. Les maisons sont toutes colorées, on aperçoit au loin les montagnes. Nous montons dans quelques tours, pour apercevoir la vue splendide sur la mer et les sommets.














Après un bon repas dans une cafétéria pour touristes (eh oui....), nous laissons de côté l'aspect culturel, et décidons d'aller à la plage. Nous avons déjà pas mal profité de la ville, et il est 15 heures! Il fait chaud, un taxi et 10 kilomètres plus loin, les cocotiers, le sable, et l'eau aussi chaude que la veille. Le soleil tape fort, nous nous badigeonnons de crème solaire à l'excès (ma petite peau de franchouillard est si fragile!). Plouf, plouf, j'en profite pour jeter à l'eau Catherine, et embêter Eléonore (qui a du répondant!) ; nous ne rentrerons qu'à 18h30, afin de nous doucher et nous faire beau pour Carlos et Rebecca. Cette dernière nous a cuisiné un très bon poulet, que nous partageons avec Eliane, venue souper pour l'occasion. Elle nous parle des Cubains, et fait la traductrice de Carlos, qui partage avec nous ses visions sur l'avenir. A la question "que deviendra Cuba?" il répond, sans pudeur ni peur, que l'île ne pourra rester communiste que si elle suit le chemin de la Chine. Réticences de nostrepart, sachant très bien que la Chine ne brille pas par son respect des droits de l'homme... Eliane nous explique des choses amusantes, mais surtout très étonnantes: par exemple, le problème du gaz et des allumettes. Pour les Cubains, le gaz est gratuit, et donc pas besoin de l'économiser. Par contre, de nombreuses maisons laissent le gaz et le feu ouvert, afin d'économiser les allumettes, extrêmement chères pour la population! Autre fait surprenant: de nombreux américains viennent se faire opérer dans les hopitaux cubains, les médecins étant ultra performants et les coûts moindres.... Mais ici, un médecin est rémunéré au salaire fixe, environ 13 euros: le même salaire qu'un chauffeur de taxi, un serveur, ou n'importe qui! Cette discussion entre nous, jeunes Européens nouvellement arrivés sur l'île, Eliane qui connait le pays depuis plus de trente ans, et Carlos qui se livre sans problème est enrichissante. Parfois, la conversation est interrompue par Alexander, qui amène torse nu les mojitos, ou encore Carlos, fier de nous exhiber son gateau fait pour nous (du sucre, du sucre, du sucre!). Fin de soirée: comme la précédente, Casa de la Musica, un autre mojito à la main, à regarder les Cubains danser.

Nous devions repartir le matin, mais préférant nettement le calme, le charme et la mer de Trinidad, nous profitons de notre matinée pour aller une ultime fois à la plage. A cette heure-ci, l'eau est azur, comme les cartes postales. Un petit plongeon, dernier bain de soleil, et nous filons dans la ville. Rapide douche, rapide repas, nous prenons nos affaires, remercions gracieusement Carlos et Rebecca pour leur accueil, et nous voici au terminal de bus. 15h, nous devons partir... Accident du bus, nous resterons une heure et demie à attendre dans le petit terminal, avant qu'un bus de la compagnie Astro ne nous invite gratuitement à faire le voyage jusqu'à La Havane. Nous quittons Trinidad au coucher du soleil, heureux, réellement heureux, de ces deux jours. Le lendemain, nous serons à Vinales, et nous craignons qu'après ce séjour dans le Sud, notre prochaine destination ne nous déçoive....

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