dimanche 27 mars 2011

You can achieve anything you want. All you need is to desire it.

Quelques photos (et vidéo) du défilé de la St Patrick, qui a eu lieu dans les rues de Québec hier après-midi. (photos prises dans l'Avenue Cartier)











Avant-hier, cabane à sucre. Nous dégustons un repas québécois: fèves au lard, jambon à l'érable, omelette, tourtière. Du gras, du gras, du gras. Mais quoi de mieux qu'une session de danse québécoise pour faire passer toutes ces calories ingurgitées! Malheureusement, chacun de nous a ramené de l'alcool, et je transpire la bière de tous mes pores. La Maudite, qu'elle s'appelle, la bouteille. J'arrive malgré tout à enchainer les pas, je suis le seul à comprendre le principe de la danse traditionnelle du pays, en ayant déjà pratiqué lors de veillées de danse. Alors je guide les autres, je les prends sous mon bras; mes partenaires peuvent sentir dans mon dos la sueur qui goutte doucement, et mes cheveux perlent de jolies éclats d'eau sur le sol. Mais qu'importe! je m'amuse.

Des amis, un bon repas, de la bière, de la musique. De la danse, du chant, du rire. Il ne manquait bien qu'une personne pour que cette soirée soit parfaite!

lundi 21 mars 2011

Il faut de fameuses provisions de génie ou de vertu pour se passer des autres.

Ce n'est qu'en attendant ce maudit bus pour rentrer chez moi que m'est venu le thème de mon travail sur L.C. J'étais là, naviguant dans la playlist de mon Ipod, fidèle conseiller musical, et cherchant avidemment une bonne musique ainsi qu'un titre pour ce travail. AH. Je ressitue : L. C., c'est cette nouvelle-roman (oui, à la base, une nouvelle, mais de 100 pages...) que j'ai décidé, jeudi dernier, de travailler pour le sujet spécial. Après une dizaine de livres lus, d'après la bibliographie gentiment donnée par Chantal S. sur la littérature féminine québécoise après 1945, je me lance dans un travail sur l'oeuvre la plus méconnue de ladite liste. C'est un peu ce que j'aime, après tout: les "auteures oubliées", comme Jovette Bernier, et comme Adrienne Choquette, l'auteure de L. C..
[Avant que je n'oublie, ça ferait un beau sujet de thèse: "les auteures oubliées des années 30 au Québec: le cas de Bernier, Sénécal et Routier". A méditer]
J'étais donc là, sous la neige tombante, à méditer. Car oui, on a beau être le 21 Mars, avoir cru, pendant une semaine, qu'il ne neigerait plus et que le printemps était définitivement là, l'hiver canadien nous joue de sacrés tours. Et après trois jours de soleil et de température positive, revoilà la poudre blanche. Tombe la neige, tombe la pluie, de toute façon, l'idée me vient. Et j'esquisse rapidement un sourire, que personne ne verra, tout le monde étant assez affairé sur son cellulair.

"L. C.: ETATS DE FEMME, ETATS DE MONDE."

En gros, partir de l'essai critique de Nathalie Heinich Etats de femme et entamer une analyse des différentes femmes (elles sont quatre) habitant l'oeuvre d'Adrienne Choquette, en la reliant à cette vision du monde que nous dévoile la narratrice dans L. C. Je vois déjà des connexions se faire, entre de multiples aspects entr'aperçus lors de mes lectures nombreuses de la nouvelle-roman.
Deuxième satisfaction estudiantine: avoir trouver les TROIS articles que je voulais à propos de Kamouraska, et parfaire ainsi ma bibliographie de mémoire de trois noms précieux et adjuvants.

[Dernière satisfaction, entre autres, de ce jour: le mail de Matthieu, ami que je n'ai pas vu depuis un an, à New York présentement; il serait temps de le revoir autour d'un café, quand je retournerai dans la City, dans un mois. Autre note à moi-même!]

Un bon début de semaine, en soi!

PS: Francis vient de m'envoyer ça. Un instant que j'avais vite fait d'oublier, le soir de la St Patrick. "A tous les Patrick du monde entier", dit la vidéo...

vendredi 18 mars 2011

Cigarettes and chocolate milk. These are just a couple of my cravings, everything it seems i like's a little bit stronger, a little bit thicker.

Rufus Wainwright et Radical Face qui passent en boucle, alors que je prépare un gateau au chocolat sans doute réussi. J'espère, du moins. Oui, j'avais une envie de gateau au chocolat, aujourd'hui. Alors, je m'exécute. Hier, c'était la St Patrick. Inutile de faire un dessin: avec Francis et Priscilla, serveuse au Starbuck's qui nous rejoint au Pub Galway, rempli de monde habillé en vert, nous enchaînons, surtout moi, les pintes de Guinness. Nous essayons chacun notre tour la bière verte de la St Patrick, qui n'est en réalité qu'une Carlsberg avec du colorant vert. Je me réfugie dans le noir absorbant et grisant de la Guinness, alors que Francis, petite nature, déchante. Il est une heure du matin, les musiciens commencent un morceau entrainant. Je saute de ma chaise et danse quelques pas de bourrée française, que plusieurs jeunes filles me demandent de leur apprendre.

Mon meilleur moment? Faire un bout de la route avec Francis, et découvrir la pluie, que je n'ai pas connue depuis Novembre. Ca ruisselle sur mon visage, dans mes cheveux, ça refroidit mon front, chaud d'avoir trop dansé dans un espace clos et surpeuplé ; je regarde du haut de la colline la Basse-Ville, Limoilou enbrumé, et marche en canard pour ne pas tomber sur le verglas qui se forme tout de suite. C'est le printemps qui arrive, je le sais au fond de moi.

dimanche 13 mars 2011

Parlez-moi d'amour, redites-moi des choses tendres; votre beau discours, mon coeur n'est pas las de l'entendre.

Instantané de ce beau dimanche. L'air se réchauffe depuis trois jours. On passe enfin dans des températures avoisinant 3°, il fait donc bon pour nous. Tout fond, et Québec devient une ville dangereuse: la neige qui s'entasse sur les toits tombe sans prévenir sur les passants, ce qui vaut de bons fous rires. Après deux jours de pluie désagréable, il fait un soleil radieux sur la ville. Cela rappelle le temps de Boston, très clément. Je dois rejoindre Eric et David, mes amis en vacances au Québec. Nous allons patiner. Mais avant, j'écris le drame pour l'ENSATT. Un café à côté de mon ordinateur, la lumière qui passe à travers la fenêtre. Et Lucienne Boyer qui chante ses classiques, je me sens transporté dans le Paris des années 30, au coeur du quartier Mouffetard. Mon manteau lourd et épais est rangé, j'ai ressorti quelque chose de plus léger. Je savoure ce dernier jour de vacances, en me disant que demain, je me remets au mémoire, au sujet spécial. Mes journées à la bibliothèque, tout ça, tout ça. Alors je m'étire, regardant au dehors ce soleil qui éclabousse la neige molle et les flaques d'eau. Paresse, paresse...

jeudi 10 mars 2011

Massachusetts! Massachusetts! What a splendid history! Like our great and glorious Nation, in its strength for Liberty!


Une fois n'est pas coutume: le temps des vacances signifie pour moi le temps des découvertes. Je n'ai pas fait plus de 50 kms en dehors de Québec depuis mon retour de Cuba. Mais que faire, pour cette semaine de relâche de début mars? La majeure partie des étudiants restent, pour étudier. Les étudiants visiteurs décident, eux, d'aller à Cuba, aux Bahamas, en Floride, trouver le soleil et la flemme d'une chaise longue. Sans compter les habituels départs pour New York, ville bonne en tout temps et en toute saison. De mes connaissances, personne, autre que moi, ne part à Boston. Je me retrouve seul, confronté à la langue américaine (j'y reviendrai tantôt). De Montréal à Boston, 7 heures de bus, en passant par la frontière américaine, l'endroit que je déteste le plus au monde, avant le dentiste (si si!): là où vous passez une demie-heure à vous justifier sur des choses qu'on ne devrait pas justifier. Arrivée à Boston: 7 heures du matin, le vendredi 4 Mars. Le soleil se lève et entoure les grattes-ciel du downtown d'un halo rougeâtre. La découverte commence.

Je loge pendant tout mon séjour chez Khaled, rencontré via CouchSurfing. Khaled a 27 ans, il est jordanien d'origine, et termine son master en design graphique. L'an prochain, il ne sait pas où il sera. Lui aussi cherche à s'ouvrir le maximum de portes, sans aucune attente précise. Ecole de cinéma, thèse, de nombreuses possibilités, à travers le monde. Nous parlons beaucoup, de cinéma surtout, mais aussi de sa conception des choses, de la Jordanie, des Etats-Unis. Il apprend à parler français, et ose quelques phrases, quelques mots. La plupart du temps, nos dialogues sont en anglais, et j'arrive à tout comprendre! Il loge près de la Boston University, arrêt de metro Kenmore, proche du centre donc...

Boston, c'est une des premières villes américaines. Faisant partie de ce qu'on appelle la Nouvelle Angleterre, c'est ici que commencèrent les insurrections au XVIIIème siècle, emportées par des citoyens ne réclamant qu'une chose: l'indépendance. Ce rappel historique est essentiel. Car en vérité, tout le patrimoine culturel ancien de Boston repose sur cette liberté recherchée, il y a quelques siècles, par les premiers habitants bostoniens. Au centre-ville, un Liberty Trail ("le sentier de la Liberté"), symbolisé par un tracé rouge à travers les rues, emmène les visiteurs à la découverte de ce passé révolutionnaire et avide de liberté.C'est l'attraction principale de Boston, et chaque visiteur se doit d'emprunter ce sentier, qui passe devant les plus grands monuments de la ville, pour se terminer de l'autre côté de Charles River, à Bunker Hill, l'un des plus grands champs de bataille de la guerre d'indépendance américaine.



Ce qui est étonnant à Boston, c'est l'aspect européen de la ville. Contrairement à New York et autres autres métropoles étatsuniennes (que je ne connais pas encore, ça ne saurait tarder), il y a ici un urbanisme qui n'est pas sans rappeler Montréal, en moins fouillis. Mais surtout des villes françaises comme Lyon et surtout Paris, par ses rues, la parfaite harmonie entre héritage culturel par les monuments historiques et le dynamisme de la ville actuelle. Il y a des grattes-ciel, ici, mais le charme d'antan n'a pas disparu. Les rues ne sont pas immenses, permettant ainsi un trafic d'automobiles assez fort; au contraire, les trottoirs et les espaces pour piétons et cyclistes foisonnent. Dans le centre historique, mais aussi tout autour. Cela me permet de marcher sans être dérangé par les voitures, le trafic urbain si énergique et en même temps fatiguant de New York.

Car finalement, j'ai beaucoup marché. Le premier jour, je reste beaucoup dans le centre historique, le long du Liberty Trail, et de l'autre côté de la Charles River. Le reste de mon voyage, je le passe à arpenter les artères bostoniennes, de Back Bay à South End. Utilisant très rarement le métro, qui soit dit en passant est agréable par son côté vintage, muni de mon fidèle Ipod et de mon appareil photo, j'avance, en me laissant guider à l'aveuglette. Par deux reprises, je n'ai aucune idée de l'endroit où je me trouve. La deuxième fois, je réalise que je suis arrivé dans Chinatown, en remarquant le nombre de passants aux yeux bridés promenant leurs enfants braillards. La meilleure façon de découvrir une ville, sachant qu'on y passe quelques jours, c'est surement ça. Prendre le poûls des rues, de la foule, en ne sachant pas exactement où l'on se trouve, si ce n'est que c'est Boston.


Mes points de repères? Les Starbuck's. Je reste fidèle à ma gourmandise, et mon addiction pour le café moka va finalement trouver ses limites; à la fin du séjour, je suis gavé, et ne peux plus en boire. Pour un temps, je suppose... Je prends de longues pauses café, afin de sortir mon ordinateur, prendre la température du monde européen, de mes amis. J'en profite pour décrire rapidement la ville que je découvre et qu'immédiatement je me suis mis à aimer. Et puis, même si je suis en relâche, il faut travailler. Ecrire le drame pour l'ENSATT. Lire les romans de Francine Noël. Envoyer des courriels à mon directeur de mémoire. J'aurais très bien pu rester à Québec, pour faire ça. La seule différence est que ce n'est pas une place que je connais. Un Starbuck's, qu'il soit à Lyon ou à New York, est le même. Moins cher aux Etats-Unis, néanmoins! Mais je ne connais pas ceux de Boston, je n'y vais pas tous les jours. Et mes habitudes québécoises se trouvent bousculées, par ce prix qui n'est pas le même, par la langue utilisée pour prendre ma commande, par ces dollars américains auxquels je ne suis pas habitué (souvent, je tends ma main pleine de monnaie en disant "take what you need!"). Et puis, tous ces gens qui viennent déguster leur chocolat chaud, leur Frappucino. Leurs langages, leurs préoccupations. Il y a du nouveau. Je voulais changer d'air, et du début à la fin, c'est ce qui se fera.

Marcher, café, marcher, café. Un programme chargé, en soi, et laissant libre cours aux possibilités. J'avance, sur Boylston Street, et découvre qu'en fait, je peux monter, en payant quelques dollars, en haut du Prudential Center, pour admirer Boston sur 360°; ce que je fais, évidemment! Je vois l'affiche d'une exposition sur les arts américains au XVIIIème siècle, se déroulant au National Museum of Fine Arts; je m'y rends, une matinée, et y découvre une splendide collection (un musée exceptionnel, vraiment!). Je prends les flyers qu'on me donne, j'étudie les possibilités, en fonction de ce qui me plait, du temps qu'il m'est imparti, de la météo. C'est ce genre de voyage qui me plait. Moi, tout seul, dans une ville de 4 millions d'habitants, gérant mon temps comme je le souhaite. Mes seules contraintes? Retrouver Khaled, le soir, chez lui, afin de se coordonner. Le reste, c'est du temps libre, du flanâge, du magasinage. J'achète un jeans, chez Urban Outfitters (environ 15 euros, un Levis Strauss!), et un sweat shirt à Harvard. Soit dit en passant, si Harvard est la meilleure université au monde, le campus n'en reste pas moins ordinaire!

J'ai parlé de l'anglais. Ah, qu'il est loin, le temps où je suivais attentivement un cours d'anglais, apprenant à conjuguer parfaitement au passé un verbe irrégulier! Mes seuls cours maintenant, je les trouve dans les séries américaines, que je regarde (en sous titrés français, évidemment: faut pas pousser!). Néanmoins, je me débrouille, je tente de me faire comprendre, et surtout, d'engager une discussion qui aille plus loin que "yeah yeah I see": ce que nous faisons tous, quand nous connaissons quelques mots. Cela me permet de parler plus longuement avec Khaled, plus profondément aussi, sans nous limiter à des considérations basiques et des questions du style "what are you watching?". Et pourtant, plusieurs démêlés avec la langue de Henry James. Le plus drôle concerne ma recherche d'un bureau de poste. Post office. Lui, j'en ai bavé. Le problème, il n'est pas de moi: je sais comment m'exprimer pour cette requête simple. L'ennui, c'est A QUI je pose la question. Simulation:

1ère demande: ouvrier chinois :
Adrien: Hi, can you help me please? Do you know where I could fine a post office?
Le chinois: yeaaaah you have to go 团员 on the right 风华正茂 where you 共产主义青团 !
Adrien:..........OK, bye!!!!!!

Adrien 0 - le chinois 1

2ème demande: gardien afro-américain:
Adrien: toujours la même chose, sourire en plus grand.
Le gardien:oh you have to go on your roooght becooooooose you can't go on this weeeeay, then you took the fuuuuuurst...... (ça continue sur une minute)
Adrien: .... I will figure out, thanks!

Adrien 0 - le gardien 1

3ème demande: la pire: un vendeur de souvenirs pakistanais (théoriquement, ayant l'habitude de s'adresser aux touristes!)
Adrien: la même...
Le vendeur: ..... Il m'est impossible de retranscrire, de par l'accent et les mots.

Adrien 0 - le vendeur 2 (lui, il fait double!)

Je me mets finalement à maudire ce melting pot américain qui veut que tous ceux à qui je demande mon chemin ne sont pas des américains, au bon vieux accent, mais des immigrés. Jusqu'à ce que, ô joie, ô allegresse, une Irlandaise rousse répondant au nom de Lucy Machalan écrit sur sa blouse de travail (je me hâte de l'écrire après cela, tellement je trouve le nom charmant!) m'indique où acheter mes précieux timbres pour l'étranger. En somme, je m'exprime bien, mais ne comprends pas les étrangers parlant l'anglais (les pakistanais spécialement).

Ma dernière journée, je la passe à Salem, à quelques kilomètres au nord de Boston, donnant sur l'Atlantique. Salem, ses sorcières, et... C'est bien la seule chose à laquelle je pense, en regardant le nom de Salem, inscrit sur le flyer pris auparavant à l'office de tourisme de Boston. Et finalement, c'est bien la seule chose qu'il y a, à tel point que la ville, comme emblème, a poser sur un fond jaune une sorcière sur son balai. Néanmoins, cela me permet de m'évader de la grande ville, pour quelques heures, par un temps radieux. Par le train, je rejoins la petite bourgade, avec ses églises, ses Dunkin Donuts (une ville américaine sans DD n'est pas une vraie ville américaine!) et ses divers endroits rappelant l'année 1692. C'est à cette époque que la ville connut une véritable chasse aux sorcières, d'où le mythe de la ville à présent. Ce sont des statues, ce sont des maisons ayant appartenu à telle ou telle personne impliquée dans les procès, qui sont mises en avant par les guides touristiques, et qu'on retrouve grâce à un sentier rouge mis en place comme à Boston. Je fais le musée de la Sorcière, à ne pas manquer quand on se trouve à Salem, et qui raconte, grâce à des tableaux de statues de cire, les principaux événements de 1692. Au beau milieu de l'après-midi, après m'être gorgé de sorcellerie et autres, je me hasarde sur la grève qui s'étend, dans la petite baie, et regarde l'océan, au loin. Quelques jours en terres étatsuniennes s'achèvent, il fait toujours beau. Frais mais beau.


Je repars à Montréal le mardi 8 au soir. Une nouvelle nuit dans le bus, un nouveau passage à la frontière, avec la sosie de Julie Andrews en guise de douanière. Montréal, un lift pour Québec, et me voici, encore fatigué de ma nuit blanche dans le bus. Boston? J'irai probablement y passer quelques autres journées, dans quelques années. Une coupure, un changement inévitable, afin de souffler et voir autre chose. Et un bref rappel, aussi: l'Europe n'est pas si loin...

mercredi 2 mars 2011

L'âne, le roi et moi, nous serons morts demain. L'âne de faim, le roi d'ennui, et moi d'amour.

Manque de temps? Peu de choses à dire? Déprime dûe à l'hiver? Mille choses à penser, rien à écrire...

Toujours est-il que je n'ai pas écrit depuis un mois. Mes parents me demandent ce que j'attends, Caroline s'inquiète. Oui, après tout, que se passe-t-il? On veut savoir, on veut suivre ta vie, et plus rien. La page est blanche, comme par la fenêtre: deuxième tempête de neige en trois jours. Rien de bien ensoleillé, on regarde par les carreaux, en attendant un possible printemps qui déjà se fait sentir en France, par vague. Ici, il fait froid, il vente énormément, la neige toujours. Oui, je commence à comprendre pourquoi les québécois partent à ce moment de l'année "dans le Sud", comme ils disent. Sud = soleil = chaleur = ce que nous ne connaitrons pas avant fin mai. L'hiver se fait long, on dirait qu'il joue avec nos nerfs. Un jour la température se hasarde au-delà du 0°, pour très vite retomber dans des négatives abyssales. Il me tarde de sortir, prendre un café dehors, profiter de températures clémentes, même si j'ai un pull et un manteau. Pas moyen, pour l'instant, de faire l'oisif qui a besoin d'air frais et d'un soleil froid mais insistant.

C'est peut-être ce temps qui ne me donne pas envie de raconter ma vie. C'est peut-être mon temps à moi, qui m'empêche de décrire Février, passé en un clin d'oeil. Je n'ai pourtant qu'un cours, mais celui-là, il m'achèvera. Tomber de rideau demain, à 16 heures: plus de théâtrologie, plus de groupes qui se disputent, plus d'heures interminables en salle de montage. Demain, je soufflerai, et pourrai enfin penser à autres choses.

Et je dois penser à tant d'affaires. Le mémoire. Le sujet spécial. Le voyage dans l'ouest, en fin d'année. Le gala de danse, avec deux chorés qui prennent toute mon énergie. Rentrer. Rentrer... Il y a une date, à présent: 19 Juin. Cette date, je me lève le matin en me la répétant. 19 Juin. Quatre mois. Voire moins. Avant que tout ne s'arrête. La parenthèse se ferme. L'avion décolle. Retour à la réalité. Car une année au Québec, est-ce encore réel?

Je regarde les autres étudiants en Erasmus, ou ailleurs dans le monde. Tous ne parlent que de fêtes, de déguisements à changer chaque semaine, de rencontres par platées, qu'ils auront tôt fait d'oublier une fois rentrés en France. J'intériorise davantage. Je ressens les choses, la moindre rencontre, les moindres verres échangés, au plus profond de moi. Je n'ai pas connu tant de québécois que cela, et de même pour des français. Mais ceux que je connais, ce sont à présent des amis, fidèles, que je retrouverai en France. Et au Québec, quand je reviendrai. Car oui, le 19 Juin n'est pas une fin en soi. La parenthèse s'inverse, et finalement, c'est un an en France que je voudrais vivre, avant de retourner "chez nous", ici. Canada, un peu ma grande maison, à présent.

Alors, ces français et ces québécois, je les vois. Souvent. Caroline et Félicien, quand ils viennent à Québec (et comme j'aime leur présence ici!). Eléonore, une vraie amie, qui redoute le retour en France, "ce retour d'un quotidien" qui lui fait peur. Nous prévoyons des sessions secours: je la capturerai pour l'emmener à Lyon, voir autre chose, ne plus penser à sa famille et à ses habitudes. Mais avant, elle prévoit, avec Aurélie, un voyage en Gaspésie. Un beau périple, qui me fait rêver. Plus tard, plus tard, je me dis. J'aurai le temps. Je vois de plus en plus souvent Gayanhé et Sasha, ces deux Lyonnais qui s'installent au Québec pour une coupe d'années. Une fille adorable, et un garçon haut en couleur. Du côté des autochtones, Jean-Michel, Marc-Olivier et Sophie, un trio assez réussi et prometteur. Patinage, chocolat chaud, cinéma, bières à 12% d'alcool. Rire, détailler ce qui nous entoure, imiter l'accent québécois, refaire ses rêves au fur et à mesures de nos rencontres, toujours plus intimes. Il y a Francis, qui m'accompagnera sans doute à New York en avril. Peu entouré, certes, mais bien entouré!

Demain soir, départ pour Montréal, une fois là-bas, bus pour les Etats-Unis. Direction: Boston. Ecrire, découvrir, rencontrer, et surtout changer d'air, sortir de Québec, que je n'ai pas quitté depuis Cuba. Il fera toujours la même température, en négatif. Il y aura bien de la neige, sans doute. Mais les vacances, la fameuse semaine de relache, voilà bien un moment agréable et riche en nouvelles aventures.

Ce sera surement l'occasion d'écrire un peu plus dans quelques jours, aussi...

Photos: galerie de portraits.