mercredi 2 mars 2011

L'âne, le roi et moi, nous serons morts demain. L'âne de faim, le roi d'ennui, et moi d'amour.

Manque de temps? Peu de choses à dire? Déprime dûe à l'hiver? Mille choses à penser, rien à écrire...

Toujours est-il que je n'ai pas écrit depuis un mois. Mes parents me demandent ce que j'attends, Caroline s'inquiète. Oui, après tout, que se passe-t-il? On veut savoir, on veut suivre ta vie, et plus rien. La page est blanche, comme par la fenêtre: deuxième tempête de neige en trois jours. Rien de bien ensoleillé, on regarde par les carreaux, en attendant un possible printemps qui déjà se fait sentir en France, par vague. Ici, il fait froid, il vente énormément, la neige toujours. Oui, je commence à comprendre pourquoi les québécois partent à ce moment de l'année "dans le Sud", comme ils disent. Sud = soleil = chaleur = ce que nous ne connaitrons pas avant fin mai. L'hiver se fait long, on dirait qu'il joue avec nos nerfs. Un jour la température se hasarde au-delà du 0°, pour très vite retomber dans des négatives abyssales. Il me tarde de sortir, prendre un café dehors, profiter de températures clémentes, même si j'ai un pull et un manteau. Pas moyen, pour l'instant, de faire l'oisif qui a besoin d'air frais et d'un soleil froid mais insistant.

C'est peut-être ce temps qui ne me donne pas envie de raconter ma vie. C'est peut-être mon temps à moi, qui m'empêche de décrire Février, passé en un clin d'oeil. Je n'ai pourtant qu'un cours, mais celui-là, il m'achèvera. Tomber de rideau demain, à 16 heures: plus de théâtrologie, plus de groupes qui se disputent, plus d'heures interminables en salle de montage. Demain, je soufflerai, et pourrai enfin penser à autres choses.

Et je dois penser à tant d'affaires. Le mémoire. Le sujet spécial. Le voyage dans l'ouest, en fin d'année. Le gala de danse, avec deux chorés qui prennent toute mon énergie. Rentrer. Rentrer... Il y a une date, à présent: 19 Juin. Cette date, je me lève le matin en me la répétant. 19 Juin. Quatre mois. Voire moins. Avant que tout ne s'arrête. La parenthèse se ferme. L'avion décolle. Retour à la réalité. Car une année au Québec, est-ce encore réel?

Je regarde les autres étudiants en Erasmus, ou ailleurs dans le monde. Tous ne parlent que de fêtes, de déguisements à changer chaque semaine, de rencontres par platées, qu'ils auront tôt fait d'oublier une fois rentrés en France. J'intériorise davantage. Je ressens les choses, la moindre rencontre, les moindres verres échangés, au plus profond de moi. Je n'ai pas connu tant de québécois que cela, et de même pour des français. Mais ceux que je connais, ce sont à présent des amis, fidèles, que je retrouverai en France. Et au Québec, quand je reviendrai. Car oui, le 19 Juin n'est pas une fin en soi. La parenthèse s'inverse, et finalement, c'est un an en France que je voudrais vivre, avant de retourner "chez nous", ici. Canada, un peu ma grande maison, à présent.

Alors, ces français et ces québécois, je les vois. Souvent. Caroline et Félicien, quand ils viennent à Québec (et comme j'aime leur présence ici!). Eléonore, une vraie amie, qui redoute le retour en France, "ce retour d'un quotidien" qui lui fait peur. Nous prévoyons des sessions secours: je la capturerai pour l'emmener à Lyon, voir autre chose, ne plus penser à sa famille et à ses habitudes. Mais avant, elle prévoit, avec Aurélie, un voyage en Gaspésie. Un beau périple, qui me fait rêver. Plus tard, plus tard, je me dis. J'aurai le temps. Je vois de plus en plus souvent Gayanhé et Sasha, ces deux Lyonnais qui s'installent au Québec pour une coupe d'années. Une fille adorable, et un garçon haut en couleur. Du côté des autochtones, Jean-Michel, Marc-Olivier et Sophie, un trio assez réussi et prometteur. Patinage, chocolat chaud, cinéma, bières à 12% d'alcool. Rire, détailler ce qui nous entoure, imiter l'accent québécois, refaire ses rêves au fur et à mesures de nos rencontres, toujours plus intimes. Il y a Francis, qui m'accompagnera sans doute à New York en avril. Peu entouré, certes, mais bien entouré!

Demain soir, départ pour Montréal, une fois là-bas, bus pour les Etats-Unis. Direction: Boston. Ecrire, découvrir, rencontrer, et surtout changer d'air, sortir de Québec, que je n'ai pas quitté depuis Cuba. Il fera toujours la même température, en négatif. Il y aura bien de la neige, sans doute. Mais les vacances, la fameuse semaine de relache, voilà bien un moment agréable et riche en nouvelles aventures.

Ce sera surement l'occasion d'écrire un peu plus dans quelques jours, aussi...

Photos: galerie de portraits.




2 commentaires:

  1. Moi aussi, comme tu le sais, départ le même jour... je penserai à toi quand mon taxi cahotant essayera de se faufiler dans les embouteillages, à grands coups de klaxon, alourdis par mes 25 valises, de m'amener à destination...mais on a du temps encore, et de beaux projets ! Profite mon lapin... et le retour n'est que le début vers encore plus de voyages ! Adieu les tchai, bonjour les biftecks ! Enfin en attendant, beaucoup de tchai, beaucoup de poutines, et beaucoup à vivre... à très vite loulou ! (et moi aussi, cela fait un bail que je n'ai pas écris! comme on est relié !)

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  2. Il y a quelques jours déjà que tu as écris cet article... La température te semble-t-elle avoir remonté ? Ton moral aussi, alors ? Tes photos de Boston sont magnifiques, mais j'aimerais beaucoup lire ici tes impressions... Par ailleurs, j'ai terminé la première partie de ton drame et c'est très bon ! Juste quelques tout petit passages qui ne collent pas avec le reste mais tu es dans une excellente dynamique, un ton très juste ! J'aurais aimé que nous parlions de ça à Montréal, un week-end, tout les deux, en faux-amoureux... Mais tu commences à connaître mon sens de la dés-organisation... Heureusement, en avril ou début mai (je ne sais plus) on part en voyage, toi et moi !

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