vendredi 20 août 2010

Mais tout peut changer. Aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie.

Premier jour. Et le jour le plus long de ma vie. Je quitte Paris à 13h25, me voilà arrivé à 14h30 à Québec. Entre temps, sept heures de vol, depuis que j'ai quitté à Roissy Anais, les larmes aux yeux; je me retrouve assis entre un hublot et un couple d'hommes. Aéroport Jean Lesage en vue, et là, le calvaire commence. Je pensais avoir fait le pire en matière de douane à mon arrivée en Inde, en attendant une heure et demie qu'on tamponne mon petit passeport (après qu'on ait soigneusement pris le temps de m'observer, et de me comparer avec ma photo d'identité avec un hargneux "is it you???!!!"). Le Québec, c'est pire: d'abord, nous attendons une demie heure dans un salon. Trop de monde à la douane, nous dit-on. On en profite pour retrouver d'autres étudiants français qui vont à l'UL (Université Laval, je me mets à l'abréviation québécoise). Puis, premier passage devant un agent. Je sors mes papiers, CAQ, permis d'études, lettre d'admission. Balivernes, la gentille dame n'en veut point: "vous prrrrésentreeez tout çeeea aux serviiiiices de l'immigrrrration derrière mouua", réplique-t-elle dans un joual si prononcé que je lui demande de répéter deux fois. Avant, je prends ma valise de 23 kilos, qui s'ajoute à ma petite valise de 10 kilos et ma sacoche d'ordinateur portable, le tout atteignant facilement les 40 kilos. Et là, une longue attente de deux heures. Nous sommes de nombreux étudiants ce jour-là à attendre le coup de tampon et le petit visa. On fait de l'ironie, on blague. Et on cherche à se connaitre. Ainsi, Rouen, Lyon, Bordeaux, Paris ou Toulouse seront représentés cette année à Québec! Mais au bout d'un moment, l'impatience, la fatigue et l'agacement face à des douaniers qui se tournent les pouces ont vite fait d'émousser notre calme olympien. Finalement, je réussis à faire régulariser ma situation: je devrai être parti avant le 30 août (et cela est écrit deux fois sur le visa, au cas où je n'aurai rien capté à l'administration de la Belle-Province).

Un coup de taxi plus tard, j'arrive à l'Auberge de la Paix, charmante auberge de jeunesse située dans le Vieux Québec, Rue Couillard. A préciser que Couillard était un des premiers colons français du Québec... Ce n'est pas le grand luxe du Chateau Frontenac, mais j'arrive à avoir un lit alors que toutes les auberges et B&B de Québec sont complets. Une douche en vitesse, quelques dollars canadiens en poche, et me voici lancé dans une première approche de la capitale. Je suis seul, et cela ne me gène pas. Jusqu'à ce que, dans le petit restaurant où je déguste doucement une salade à la feta, la playlist du chef cuisto, orchestrée par une logique qui n'est apparemment pas la mienne, passe d'un solo de guitare à la Valse d'Amélie au piano. Les notes me rappellent Paris, et par extension la France. Et pour la première fois, depuis les multiples départs, je suis saisi de tristesse. Gaelle m'en avait parlé, mais je ne pensais pas que ce serait comme ça.

La larme à l'oeil et l'appétit coupé, je quitte le restaurant, en ayant au préalable donné un pourboire de trois dollars au serveur. Ici, on donne toujours un pourboire! Je passe par des rues escarpées, pas autant que je le pensais. Je tombe sur des maisons absolument charmantes. Quand, soudain, dans la pénombre grandissante, le Chateau Frontenac s'élève. J'espère avoir l'occasion de vous parler plus en détail de ce chateau, construit en 1892 pour devenir un hotel luxueux. J'espère surtout pouvoir un jour y entrer, histoire de voir, quoi... Je continue mes pérégrinations, en lumière cette fois. Je vois l'esplanade du chateau, la colline parlementaire, la rue St Jean et ses restaurants très animés.

Demain, c'est mon premier VRAI jour. Recherche d'appart', première excursion sur le campus, et découvrir un peu plus la ville de Québec qui, pour l'instant, m'enchante!

1 commentaire:

  1. J'adore la dernière photo qui a une lumière féérique !

    Ne t'en fais pas mon Cariboutchou, c'est plus que normal cette tristesse des premiers jours ; d'ailleurs ce n'est même pas de la tristesse, c'est la première certitude du plein qu'on a laissé derrière soi face au vide vertigineux qu'on trouve devant soi. Mais promis c'est comme un verre qui se remplit très vite, à toi d'en faire un cocktail savoureux !

    (d'ailleurs je pense que le couple d'hommes dans l'avion est un signe)

    All the best out there.

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