Christopher, notre Couchsurfer de Seattle, nous invite dès le premier soir à une expédition de trois jours: le weekend du Memorial Day comptant trois jours, sa gang d'amis et lui partent dans l'Est du Washington, après les chaines de montagnes enneigées et pluvieuses. Près du Montana, là où le sol est aride et où TRES peu de gens vivent. Nous acceptons, en ayant l'idée de faire quelque chose hors du commun, et surtout, pas prévu dans notre planning. Le Mt Rainier attendra; pour l'instant, nous préparons duvets, tente et sac à dos pour trois jours dans le désert.
Nous rejoignons tous les amis de Christopher à Ellensburg, petite ville ensoleillée près des autoroutes pour le centre des Etats. Il y a Tyler et Lea, petit couple avec qui nous sympathisons d'emblée, et ce malgré la barrière de la langue (Anais a en effet beaucoup de mal avec l'anglais); Jay, originaire de la Nouvelle-Orléans, lunatique mais très sympa; Nany et son chum Punit, et Jason. Trois voitures, qui se dirige vers The Ancient Lake, dans les anciennes gorges de la Columbia River. Nous voyons justement la Columbia, que dis-je, nous la traversons, et nous arrêtons pour voir les falaises abruptes, et le désert de plantes sèches qui s'étend, jusqu'au parc des éoliennes, solitaires dans ce paysage tout droit sorti d'un jeu vidéo.
La première journée de marche est éreintante, décevante, car nous devons faire demi-tour pour retrouver les voitures et prendre la VRAIE route du campement, au milieu des falaises, mais malgré tout, chacun est heureux de cette journée. Et malgré les moustiques qui, peu à peu, dessinent une carte du relief américain sur nos pauvres peaux (les salauds!), nous voyons sous nos yeux un désert, au sens propre comme au figuré. Nous sommes les seuls, à arpenter ce sol rouge ou marron clair, que traverse un petit cours d'eau, et qui débouche sur un lac grandiose. Nous trainons une glacière avec nous, ce qui vaut quelques paniques et fous rires, quand il faut descendre les falaises. Mais nous nous installons malgré tout près de ce Ancient Lake, ravis du paysage et de la beauté silencieuse du lieu.
Le lendemain, Tyler et Jay restent au campement, profitent de la solitude du lieu et des sentiers cachés de l'endroit. Nous marchons 45 minutes pour retrouver la voiture. Nous ne ferons que ça: conduire, trouver quelques lieux de randonnées, les faire à moitié, puis remonter. Des plans qui tombent à l'eau, mais qu'importe! l'ambiance est excellente. Dans la voiture, nous sommes trois Français, s'en donnant à coeur joie pour parler de tout ce que nous découvrons. Nous trouvons, au hasard d'un mirage, d'une falaise déchue, une ferme, une vigne, un signe de vie dans l'immensité d'une plaine américaine à l'abandon, jamais découverte, et qu'on ne répertorie sur une carte que par un nom insignifiant.
Le troisième jour, après une veillée arrosée de rhum, de vin et parfumée d'herbe à la pipe autour d'un feu de camp, nous faisons nos sacs, au milieu des serpents et des falaises, insouciantes et majestueuses. Le temps de s'arrêter à Ellensburg, manger ensemble une dernière fois, et de quitter ces personnes, qu'on a vraiment aimées. On s'échange des adresses, mais dans le fond, ce n'est qu'un lien qui s'éffilochera avec le temps. Seul le souvenir de ces visages, éclairés par les flammes du feu de camp. Tyler et son bacon, Léa si gentille, et Jay, et tous. Et surtout, ces gorges de la Columbia River, qui n'ont rien à envier au Grand Canyon.
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